Le préfet du Haut-Rhin a annoncé jeudi 23 janvier que les déchets ultimes du site de Stocamine, à Wittelsheim (Haut-Rhin), resteraient définitivement enfouis. Dans la région, l’incompréhension domine, et beaucoup sont inquiets par rapport à l’immense quantité de déchets toxique de l’ancienne mine.
François de Rugy, ministre de la Transition Écologique, a tranché en faveur de l’enfouissement définitif de plus de 40.000 tonnes de déchets dits classe « 0 » – extrêmement dangereux – qui reposent à environ 500 mètres de profondeur.
Cette décision est avancée comme un moindre risque par le préfet du Haut-Rhin dans son communiqué (disponible ici). Elle se base en partie sur un rapport du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), commandé par Nicolas Hulot lorsqu’il occupait le poste de François De Rugy. Le bureau a conclu à la faisabilité du projet, mais à condition d’employer « les techniques les plus pointues au niveau mondial ».
200 millions d’euros pour 600 ans de sursis
La perspective de financer une opération dantesque à plus de 300 millions d’euros a certainement pesé dans la balance. Devant le prix et la difficulté technique, le gouvernement a préféré l’enfouissement définitif des déchets en mettant en avant le le risque d’écroulement et d’empoisonnement pour les ouvriers. Le confinement, bien moins compliqué à mettre en œuvre , reviendra à 80 millions d’euros. Une économie conséquente qui se fait au prix d’un compte à rebours. Le BRGM explique que, même scellés, les déchets risquent de suinter dans la nappe phréatique alsacienne d’ici 600 et 1000 ans.
Les opposants au confinement vent debout
La plus grande nappe phréatique d’Europe est donc menacée par des épanchements toxiques issus du site Stocamine. Ce qui suscite une levée de boucliers des organisations de lutte pour l’environnement qui sont montées au créneau aux côtés des habitants. Deux d’entre elles, France Nature Environnement et Alsace Nature, se sont fendues d’un communiqué lapidaire (disponible ici). Ils remettent en cause l’efficacité du dispositif de confinement, et renouvellent leur appel à la dépollution totale du site. Rassemblés au sein d’un collectif nommé Destocamine, ils considèrent que les pouvoirs se défaussent alors que les moyens techniques existent. Ils dénoncent les « les faiblesses de cette solution », qui ignore selon eux « les risques avérés d’affaissement et de propagation des polluants dans la nappe, pour faire des économies « .
Sur Internet aussi, les réactions outrées se multiplient. Antoine Homé (socialiste), maire de Wittenheim (à 10km de Wittelsheim), a publié un communiqué (disponible ici) sur Facebook dans lequel se dit « révolté » par le non respect du principe de précaution inscrit dans la Constitution. Il juge « inacceptable » et « incompréhensible » la décision du ministre.
Les parlementaires se sont également émus de ce verdict à l’instar de Jean Rottner, président de la région Alsace. Vincent Thiébaut(LREM), Bruno Fuchs(Mouvement Démocrate) et Raphaël Schellenberger (LR) ont quant à eux déposé un rapport d’information sur le sujet (disponible ici ). Ils y préconisaient la dépollution complète du site. Aujourd’hui, les deux derniers regrettent que le principe de réversibilité soit passé à la trappe.
Stocamine, un dossier qui dure
Ce principe figurait dans le contrat d’exploitation original et incluait un retrait total des déchets à terme.
Rappelons que Wittelsheim a accueilli en 1999 une décharge de type 0, la seule en France. Destinée à accueillir les déchets les plus dangereux, elle était censée stocker jusqu’à 320.000 tonnes de matériel sur 30 ans. Son exploitation a tourné court en 2002 quand un incendie s’est déclaré au sous sol, forçant du même coup la fermeture du site. Depuis, une partie des déchets toxiques a été extraite (notamment 95% du mercure, le plus urgent) mais plusieurs dizaines de milliers de tonnes demeurent au fond de l’ancienne mine. De nombreuses commissions d’enquêtes ont été dépêchées par les gouvernements successifs, sans déboucher sur une décision concrète. Des longueurs qui auront eu raison de la patience de François de Rugy, pourtant ancien membre d’EELV et écologiste …
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