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Pokémon, attrapez-les tous !

Il y a quelques mois, le Youtubeur Michou ou encore le Streameur Kameto achetaient des boites de cartes Pokémon d’une valeur de 20.000 et 50.000 euros. Des montants suscitant un regain d’intérêt du grand public pour les cartes Pokémon depuis quelques mois. Mais d’où vient ce phénomène ? Décryptage.

«Une passion avant tout, les cartes Pokémon sont la nostalgie de notre enfance ou jeunesse», souligne Nicolas, plus connu sous le pseudonyme NTX sur les réseaux sociaux. Depuis tout petit, le jeune homme strasbourgeois collectionne les cartes Pokémon. «Quand les cartes sont sorties à la fin des années 1990, c’était une nouvelle manière de jouer à Pokémon car nous n’avions que le jeu vidéo en noir et blanc. Donc on redécouvrait les Pokemon différemment, on les collectionnait et on y jouait autrement avec l’envie de s’amuser avec nos amis», se remémore NTX.

Nicolas alias NTX arbore une grande collection d’objets et de cartes en lien avec l’univers Pokémon.
CP : Alice Boucher

   Âgé de 36 ans, il possède une collection depuis 2003 de milliers de cartes rangées dans de nombreux classeurs. «J’estime que ma collection m’a couté aux alentours de 2.500 euros, mais elle prend de la valeur au fil des années», complète NTX. Après une longue pause d’une dizaine d’années, il retombe dans l’univers en étant désormais un adulte. «J’ai commencé par des échanges en francs quand j’étais enfant et j’ai repris la collection à la sortie de mes études quand j’avais les moyens financiers. Tout ce qui n’était pas dans des achats vitaux passaient pour une grande partie dans des achats de cartes Pokémon», confie-t-il. Ses cartes préférées ? Ce ne sont pas les plus chères ni les plus rares, mais celles qui lui tiennent à cœur et lui rappellent de bons souvenirs. «Je m’attache aussi aux illustrations des cartes que je trouve atypiques et belles mais j’ai quand même 3 Pokémon que j’affectionne : Mentali et Mew et Ectoplasma», se réjouit-il.

Un regain d’intérêt

  Malgré une collection en pause depuis 2019 pour raisons financières, l’auto-entrepreneur passionné de jeux vidéo suit d’un coin de l’œil ce regain d’intérêt autour des cartes Pokémon. «Beaucoup pensaient que la formule des jeux vidéo Pokémon et de la saga en général se répétait. Et pour l’annonce des 25 ans il y a eu, suite à des déceptions pour pas mal de joueurs, une annonce d’Open World très attendue par beaucoup. Pour accompagner cela, Pokémon Company a sorti une vidéo rétrospective de son histoire pour fêter ses 25 ans et je pense que cela a rappelé beaucoup de nostalgie de l’époque des cartes Pokémon, et a ravivé cette flamme et ces souvenirs heureux», souligne-t-il.

Influencer le prix d’une carte

Les cartes Pokémon prennent de la valeur avec le temps, pouvant monter jusqu’à des milliers d’euros. Leur degré de rareté dépend de critères comme leur édition de sortie, l’état de la carte, le coté brillant ou encore si le fameux symbole étoile est présent. Mais un critère ne dépendant pas de la carte n’est pas à négliger. «Les cartes ont de la valeur par leur rareté ou quand elles ne sont plus fabriquées mais également quand des influenceurs mettent de la lumière sur des cartes spécifiques. Elles prennent de la valeur avec l’intérêt du public, le phénomène de l’offre et de la demande s’applique aussi sur les cartes», argumente-t-il. En effet, le phénomène des cartes Pokémon est en grande partie lié aux contenus de nombreux influenceurs comme le jeune Youtubeur Michou (6 millions d’abonnés sur Youtube) ou encore le Streameur Kameto (850.000 abonnés sur Twitch). Plus récemment, le rappeur Lorenzo a mis sur Ebay une vente aux enchères de ses cartes Pokemon qu’il a dédicacé. Son Dracaufeu est sur le point d’être acheté à 75.000 euros aux enchères.

Le rappeur affirme avoir déjà récolté plus de 300.000 euros grâce aux enchères de ses cartes sur Ebay, CP : Instagram

Cependant, il faut faire attention aux phénomènes des modes éphémères. «Si des jeunes veulent commencer à faire la collection grâce à des influenceurs, demandez-vous bien si vous aimez vraiment cela ou si c’est juste pour faire comme quelqu’un. Dans ce cas , c’est une perte de temps et d’argent. Sinon, foncez et prenez des cartes que vous aimez réellement. Profitez de votre collection et vivez avec», conseille NTX dont sa collection lui rappelle de nombreux souvenirs.

Le jeu d’enfant devient un véritable business 

   Bien plus que des cartes de jeux, certaines cartes ont déjà été vendues à des milliers d’euros lors de ventes aux enchères. «Certaines cartes dont le Pikachu Illustrator ou le Dracaufeu Holo 1ère édition sans ombre se rapprochent des 200.000 dollars aux enchères», s’exclame le collectionneur NTX. Déjà très populaire aux États-Unis et sur Internet, la première vente aux enchères de cartes Pokémon s’est déroulée en France en décembre 2018. «Il y avait déjà beaucoup d’intérêt face à ce concept inédit qui débarque en France et il y avait notamment beaucoup de presse à l’événement. Les collectionneurs étaient déjà prêts à mettre des sommes astronomiques», témoigne le commissaire-priseur Florian Bourget, expert de bandes dessinées. L’intérêt s’est ensuite décuplé au fil des années, le grand public s’est désormais joint aux collectionneurs avec notamment l’impact des influenceurs. La chaîne de Fast-Food McDonald propose désormais des lots de carte Pokémon dans son menu enfant Happy Meal. «Les prix ne font que se multiplier, il n’y a pas de baisse. Une carte peut passer de 500 euros à 10.000 euros en seulement 2 ans», souligne Florian Bourget. Pour appuyer sa vente aux enchères, des critères de la carte sont mis en avant comme son ancienneté, sa rareté mais surtout sa qualité. «Une carte peut perdre beaucoup de sa valeur si elle est abimée même si c’est une carte de première génération très rare. Une carte Pokémon, c’est un peu une œuvre d’art dont on doit prendre soin», argumente Florian Bourget.

Attention aux arnaques !

Pour Nicolas, alias NTX, il faut cependant faire attention aux arnaques même lors d’enchères. «Je conseille d’aller dans des magasins spécialisés ou alors faire très attention sur Internet. Les photos sont parfois non-exhaustives, il faut demander des photos sous différents angles de celle en vente», prévient-il. En effet, des personnes malintentionnées vendent des cartes dans un état pitoyable ou tout simplement de fausses cartes avec par exemple un faux brillant. Certaines cartes arborent également des noms d’attaques qui n’existent même pas et sont dépourvues des étoiles de rareté ou sont bourrées de fautes. Autre signal d’alarme : une centaine de cartes vendue pour 100 € est un prix trop beau pour être vrai. «J’achète beaucoup de cartes sur Internet et je conseille de vérifier la valeur de la carte sur des plateformes spécialisées comme CardMarket ou alors les montants des ventes aux enchères sur Ebay pour ne pas se faire arnaquer», explique Lucie, 19 ans, étudiante en droit passionnée de cartes à collectionner.

A souligner, Ebay arbore une croissance record de 142% de vente de cartes à collectionner et sans surprise, Pokémon est en tête de la liste des catégories les plus populaires selon un rapport interne de février dernier. Le phénomène n’est donc pas prêt de s’essouffler…

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