Le 24 février 2022, la vie de plus de 43 millions d’Ukrainiens bascule : leur pays est attaqué par la Russie. Un an plus tard, ils sont nombreux à s’être réfugiés dans la capitale européenne. Parmi eux, des enfants, désormais scolarisés en Alsace. L’académie de Strasbourg, les enseignants et les bénévoles mettent tout en œuvre afin de mener à bien leur apprentissage et de faciliter leur intégration.
Au premier anniversaire d’une nouvelle guerre au cœur même de l’Europe, des centaines d’élèves ukrainiens ont rejoint les rangs des établissements alsaciens. Ils sont 783 jeunes scolarisés, dont 200 dans le Haut-Rhin et 583 dans le Bas-Rhin selon le Rectorat de l’académie de Strasbourg. Depuis le cabinet du recteur, Jeanne-Hélène Pierson détaille la façon dont ils y sont intégrés : « L’académie de Strasbourg organise les conditions propices à l’accueil et à la scolarisation des enfants et jeunes exilés, généralement dans un des dispositifs Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A). Les élèves, une fois affectés par le Directeur académique des services de l’Éducation nationale (DASEN) de chaque département, seront pris en charge au sein d’une de ces unités ou pourront bénéficier de modules d’accompagnement linguistique spécifique ».
A Strasbourg, le lycée d’enseignement général Marie Curie est doté du dispositif UPE2A. Son proviseur, Youcef Slamani, est confiant concernant la progression des nouveaux arrivants. « Nous avons quatre élèves ukrainiens scolarisés dans ce dispositif depuis la rentrée, qui sont très bien intégrés », se réjouit-il. « Leur difficulté, c’est évidemment le français, mais ils travaillent d’arrache-pied pour combler leurs lacunes. Ils participent également à des groupes de soutien ».
Des cours de français supplémentaires
En plus de l’enseignement dispensés dans les établissements scolaires, des cours de français supplémentaires sont proposés aux jeunes réfugiés ukrainiens afin de favoriser leur insertion auprès de leurs camarades. De début avril à fin juillet 2022, Ingrid Richard, professeure à Haguenau, a donné des cours particuliers de manière bénévole, à raison de deux cours par semaine. Ceux-ci avaient lieu dans le CDI de l’Institution Sainte-Philomène. Ses élèves, un frère de 17 ans et une sœur de 8 ans, venaient tout droit de Kiev. L’objectif de ces cours supplémentaires : leur apprendre le français de conversation, à savoir être capable de se présenter, d’échanger dans la vie quotidienne avec les camarades, ou encore de parler de leur vie en Ukraine.
« L’apprentissage était très rapide. Katya, la petite sœur, s’est vite intégrée, elle avait envie de communiquer. C’était plus compliqué pour Yevhenii, son grand frère. Comme il était plus âgé, il se rendait plus compte de la situation et ses amis de Kiev lui manquaient », évoque Ingrid Richard. « Pour les retrouver, Yevhenii est retourné seul en Ukraine début juin. Fin juillet, Katya et sa mère sont également reparties, un peu sous la pression de la famille. Je suis encore en contact avec leur maman, elle m’envoie des photos d’eux de temps en temps », ajoute-t-elle. Actuellement, l’enseignante ne donne plus de cours particuliers aux élèves ukrainiens, mais elle réitérerait volontiers l’expérience.
Les associations de bénévoles mettent la main à la pâte
Les associations se mobilisent également pour venir en aide aux enfants ukrainiens. C’est le cas de Contact et Promotion, une association basée à Hautepierre qui œuvre au sein de l’Eurométropole depuis 1969. Leur action, grâce aux bénévoles mobilisés, se porte notamment sur l’accompagnement scolaire des élèves étrangers. Parmi eux, treize Ukrainiens issus de cinq collèges différents. « Au collège Jules Hoffmann de Strasbourg par exemple, ils sont 25 en classe UPE2A. Il y a des Albanais, des Turcs, des Afghans mais aussi des Ukrainiens inscrits dans nos groupes depuis quelques mois. Donc dans cette classe, on va en prendre entre huit et douze pour travailler avec eux. On intervient deux heures par semaine en plus de leurs cours, afin de leur apporter un coup de pouce supplémentaire en français », explique Manon Penarrubia, salariée coordinatrice de l’association.
Emma Kuhn