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2010-2020, la décennie la plus chaude

Une nouvelle décennie vient de se terminer et déjà de nouveaux enjeux sont lancés pour l’horizon 2030. Parmi eux, le problème du réchauffement climatique et la sauvegarde de la planète.

L’Organisation Météorologique Mondiale a donné son verdict : 2019 est la deuxième année la plus chaude depuis le début des relevés météorologiques en 1850, juste derrière 2016. Mais cette donnée n’est pas la plus préoccupante. Cette dernière décennie est la plus chaude jamais relevée avec les années 2015-2019, et constituent le top 5 des années où il a fait le plus chaud sur la planète. Les mois de juin et juillet 2019 rentrent dans ce record comme étant les mois connaissant les plus hautes températures de l’histoire depuis le début des relevés météo. La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) indique qu’en juillet 2019, il a fait en moyenne 16.75° soit l’été le plus chaud au niveau mondial.

Les sources du réchauffement climatique

Il n’est plus possible de nier l’existence du réchauffement climatique mais il faut en revanche se pencher sur les responsables. Il y a parmi les scientifiques ceux qui lui donne une responsabilité anthropique, c’est-à-dire causée par l’Homme. D’autres pensent qu’il est uniquement d’origine naturelle et enfin il y a ceux qui pensent qu’il est à la fois naturel mais accéléré par l’Homme. Cette dernière théorie semble être la plus réaliste en se basant sur l’analyse de plusieurs historiens, par exemple le Suédois Fredrik Charpentier Ljungqvist* de la Stockholm University. Sur la période de 7 000 avant JC à 1500 après JC, les températures en Europe du Nord ont pu être de 3° plus chaudes à celles relevées actuellement. 

Il n’y a pas forcément besoin de réchauffement climatique pour entraîner de dérèglement climatique. Durant le Grand Hiver de 1709, l’Europe fut touchée par une vague de froid intense entraînant en France la mort d’environ 600 000 personnes (causées par le froid lui-même, la famine ou les épidémies qui en découlent). Des témoignages d’époque rapportent même du gèle dans les campagnes en Été. A cette période l’Homme ne pouvait être responsable de ce dérèglement qui fut causé de manière naturelle. Il prend officiellement une part de responsabilité à partir des années 1950 lors de l’industrialisation. C’est à ce moment-là que les relevés météorologiques n’ont cessés de pointer du doigt un réchauffement climatique lié à l’activité humaine et qui s’accroit chaque année.

La situation en 2020 

Dans une perspective nationale d’abord, c’est une vision pessimiste mais réaliste qui a été dressée au Sénat le 16 mai 2019. Un rapport d’information* a été établi concernant l’« adaptation de la France aux dérèglements climatiques à l’horizon 2050 ». La France va faire face au réchauffement climatique et ses dérèglements comme il est précisé dans la synthèse de ce rapport. C’est « un choc climatique inévitable, auquel il faut se préparer plus activement ». Plusieurs conséquences y sont détaillées, notamment l’arrivée de plus grandes vagues de chaleurs, une hausse de la propagation des maladies, des problèmes de détérioration des eaux ou une agriculture dont l’économie sera grièvement perturbée. D’autres solutions sont présentées pour adapter le pays au changement dont des plans de protection des ressources naturelles, une adaptabilité des infrastructures face aux fortes températures et estimer les besoins financiers en fonction des secteurs.

Au niveau mondial, les pays émettant le plus de gaz à effet de serre en 2018 ont été répertoriés dans un classement de l’organisme Statista. La Chine et les Etats-Unis sont en tête avec respectivement 9 528 et 5 145 tonnes de CO2 produits soit 43.3% des émissions mondiales. Les sources de ces rejets sont diverses, une minorité est d’origine naturelle avec la décomposition, la respiration et le rejet océanique. La majorité est en revanche de nature humaine liée à l’industrie avec l’utilisation des énergies fossiles, les centrales à charbon, l’extraction du pétrole, les déforestations, les échanges de commerce international. S’ajoutent à cela des problèmes de surpopulation, d’une demande qui ne cesse d’accroître, obligeant à produire toujours plus et de relations difficiles entre les continents.

Des positions incohérentes vis-à-vis des enjeux

L’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union Européenne a été conclue le 28 juin dernier. Un exemple de sujet qui aura fait beaucoup de bruit au sein de la sphère politique. Cet accord commercial avec une partie de l’Amérique latine (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) est décrié pour l’effet dévastateur qu’il peut engendrer sur l’environnement. Certes d’un point de vue économique, il pourrait être avantageux pour l’UE mais pour le climat, le résultat est différent. Les feux de forêts dévastateurs de l’été dernier en Amazonie et réprimandés par la France (qui a fini par refuser de ratifier l’accord le 23 août 2019) provenaient majoritairement de la culture sur brûlis. Un mode de production qui consiste à brûler une zone tropicale ou équatoriale afin de la défricher et de fertiliser ses sols. Au Brésil, cette culture est destinée à l’élaboration de terres pour la production de bétail afin de l’exporter en Europe. Les désaccords entre pays membre de l’UE prouvent que le chemin est encore long pour parvenir à des décisions d’urgence planétaire.

La pollution digitale, un fléau placé sous silence
D’ici 2030, Internet consommerait autant d’énergie que toute la consommation mondiale de l’année 2008, tous secteurs confondus. D’après le chercheur Gerhard Fettweis, 
Internet deviendrait la première source de pollution mondiale. 
Le site de Selectra.info recense les grands chiffres de la consommation liés au monde du digital. Ainsi, avec 16 grammes de CO2 relâchés pour un seul email de 1Mo, 
les 73 000 milliards de mails envoyés chaque année pèsent lourd sur l’empreinte carbone. En une seule heure, Google consomme l’équivalent de l’activité du réseau entier 
de la SNCF. Cette source de pollution est cependant peu médiatisée à l’heure du tout au numérique et de la révolution digitale. Dans le même temps, il est impensable de 
s’imaginer vivre sans réseau. Quelques solutions sont mises en avant, par exemple 
vider régulièrement sa boîte mail, limiter les recherches inutiles sur les moteurs de recherche. Des entreprises proposent même d’utiliser des serveurs informatiques pour chauffer des bâtiments. Des solutions qui restent cependant assez faibles au regard des enjeux actuels.

Théo Hervieux

* Interview de Fredrik Charpentier Ljungqvist : https://www.nonfiction.fr/article-9690-12-000-ans-de-changements-climatiques-50-ans-de-rechauffement-global.htm

* Lien vers le rapport d’information exposé au Sénat : https://www.senat.fr/notice-rapport/2018/r18-511-notice.html

Crédit photo en Une : Théo Hervieux

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