Allier environnement et éclairage peut sembler absurde. Néanmoins, il est tout à fait possible de transformer une orchidée en ampoule.
Et si une simple orchidée d’intérieur était capable d’éclairer une pièce au même titre qu’une ampoule ? Cette idée peut sembler grotesque, mais c’est pourtant ce qu’étudient sérieusement plusieurs laboratoires à travers le monde. La bioluminescence, la production de lumière par un organisme vivant, est encore expérimentale à l’heure actuelle. D’ici quelques années, cette technologie pourrait servir à éclairer l’intérieur de maisons ou de bureaux, et même des rues dans un futur plus lointain. “Notre but, c’est de résoudre un problème de manque de verdure dans les milieux urbains, un problème de surconsommation d’électricité, ainsi qu’un problème de pollution lumineuse”, précise Ghislain Auclair, président de Woodlight. Sa start-up, lancée il y a quatre ans à Strasbourg, travaille sur la bioluminescence via les plantes. Ce biologiste visionnaire espère pouvoir, un jour, remplacer les lampadaires de sa ville par des arbres.
Lucifer nous éclaire
Toute une chimie se cache derrière cette magie verte. À la base, ce sont les vers luisants, poissons abyssaux et autres lucioles qui ont inspiré les scientifiques. Ces animaux sont capables de générer de la lumière pour communiquer ou repousser leurs prédateurs entre autre grâce à deux molécules : la luciférine et la luciférase. Ces protéines, en réagissant entre elles en présence d’oxygène, peuvent produire des photons qui sont des des particules de lumières. En extrayant ces molécules et en les insérant dans l’ADN d’une plante, cette dernière est capable d’éclairer ses feuilles, ses branches, sa tige,… Glowee, une autre entreprise initiatrice de biotechnologie, développe une matière composée de bactéries bioluminescentes. Placés dans des tubes, ces micro-organismes peuvent remplacer des néons.
Une solution économique
Plusieurs défis sont encore à relever. Les bactéries en question ne peuvent vivre qu’entre une température de 15°C et 35°C et leur intensité lumineuse est plus proche de celle d’une veilleuse que d’un phare. Côté végétal, il est en théorie possible de déterminer génétiquement quelles parties de la plante doivent s’éclairer et à quelle intensité, mais les expériences n’en sont qu’à leurs balbutiements. A terme, on peut s’attendre à une réduction de la pollution lumineuse et de la consommation d’électricité. Un énorme gain, en somme, puisqu’en France, 12% de la production totale d’électricité est destinée à l’éclairage. “Une ampoule normale émet énormément de chaleur, explique Ghislain Auclair. 90% de l’énergie qu’elle utilise est transformée en chaleur et le reste en lumière.”. Alors, entre cactus et lampe à LED, que choisir ?
Sofiane AIT IKHLEF