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Lutter face à la précarité

Face au froid de l’hiver, certains se mobilisent pour venir en aide aux plus démunis. Chaque mardi, dès 19h à la gare, Valérie Suzan et son association Strasbourg Action Solidarité distribuent repas chauds et vêtements, avant de partir en maraude. Selon la présidente, les services proposés par les pouvoirs locaux et nationaux sont insuffisants.
Voilà deux ans que Valérie Suzan et une vingtaine de bénévoles consacrent deux jours par semaine aux personnes dans le besoin. La distribution alimentaire est rendue possible par les dons et les invendus récoltés auprès des boulangeries et des Carrefour City. Le jeudi soir est uniquement dédié aux maraudes.
À défaut de disposer de locaux, la préparation se fait l’après-midi même, dans l’appartement de la présidente. Le menu varie en fonction des saisons. En période hivernale, l’équipe propose la plupart du temps de la soupe de légumes consistante et vitaminée, du café et du thé.
Des moments de partage
Quand les températures remontent, elle compose des salades de riz ou de pâtes, agrémentées de tomates, d’œufs et de fromage. Par le biais des réseaux sociaux, Strasbourg Action Solidarité collecte également des denrées matérielles, telles que des vêtements chauds, des duvets ou des sacs de couchage… Entre 150 et 300 sans abris sont au rendez-vous chaque mardi soir, pour y trouver chaleur humaine et soutien. Hier, une famille de restaurateur avait préparé un plat mauricien pour tout le monde. Un geste qu’elle fait gratuitement chaque année, en période de froid.
Une fois ce moment partagé, quelques bénévoles prennent deux camionnettes et font le tour de la ville, parfois jusqu’à Illkirch-Graffenstaden, pour s’assurer de l’état de santé des personnes dans la rue. Il leur arrive régulièrement d’appeler le 115, quand la situation est inquiétante ou que les températures sont insoutenables.
Autrement, ils passent un peu de temps avec eux, leur tiennent compagnie pour leur rappeler qu’ils ne sont pas seuls. « À force on les connaît, on sait où ils sont et comment ils réagissent », affirme Valérie Suzan. Pour ce qui est de l’administratif, l’association les accompagne dans leurs démarches. Elle prend différents rendez-vous avec et pour eux, en les assistant physiquement et en les aidant à réunir les pièces nécessaires pour monter des dossiers, qui permettent parfois d’améliorer leur situation.
Des mesures jugées insuffisantes
Face à la dégradation des conditions météorologiques en Alsace, l’Etat a décidé de monter d’un cran le plan grand froid et de l’étendre aux deux départements. Il consistait dans un premier temps à mettre en sécurité les personnes signalées ou vulnérables. Le but est désormais d’augmenter le nombre de places en hébergement d’urgence (+ 174 dans le Bas-Rhin).
Depuis deux semaines, les températures dépassent rarement les 0°C. Une vague de froid qui s’annonce durable et qui a poussé les collectivités à intensifier l’intervention des maraudes dans certaines villes et à assurer des prises en charge supplémentaires en cas de danger. Un appel à la vigilance est également lancé auprès des services de secours circulant.
Un dispositif à revoir ?
Pourtant, pour Valérie Suzan, le dispositif est insuffisant et mal organisé : « Parfois on demande à placer dans un centre une personne dans la rue depuis deux jours par -3°C et on nous répond que ça n’est pas possible avant 21h…cherchez l’erreur ! ». Selon elle, l’Etat gère tout et rien ne bouge. Depuis la création de l’association, elle demande à avoir des locaux pour une meilleure efficacité d’action…Aucune réponse, jamais. Les services d’aide sont disponibles trop tardivement. « Vous vous sentez capables vous de passer plusieurs jours dehors par ce froid ? Moi en tous cas non. Pourtant il n’y a pas forcément assez de place pour accueillir tout le monde ».
Et la place n’est pas le seul problème. Les personnes sans domicile fixe ont parfois leurs animaux comme seuls compagnons leurs animaux. Or aucun centre de la région ne les autorise. « Moi je comprends totalement que lorsque l’on a que son chien dans la vie on préfère rester dehors plutôt que de s’en séparer », explique Valérie Suzan. C’est pourquoi elle veille à ce qu’eux aussi soient nourris et restent en bonne santé, pour accompagner leurs maîtres au quotidien. Et ce, en offrant des sacs de croquettes aux propriétaires nécessiteux.

Romane Buary

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