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Société

Une deuxième rémission complète du VIH enregistrée

D’après une étude publiée mardi 5 mars, le patient – d’identité inconnue – aurait guéri du virus après un traitement aux cellules souches.

Un patient ne présenterait plus de traces du virus de l’immunodéficience humaine (VIH). C’est le résultat présenté par une équipe du professeur Ravindra Gupta du United College à Londres. C’est seulement la deuxième fois qu’un humain guérit du VIH,  treize ans après le « Patient de Berlin » Timothy Brown. Cela suggère que sa guérison n’est pas qu’une exception. Il pourrait bien ouvrir la route à une nouvelle gamme de traitements. Ce dernier présentait des symptômes semblables au « patient de Londres » : séropositif, il souffrait également d’une leucémie (un cancer de la moelle osseuse ). Cela conduit ses médecins à employer un traitement agressif à l’efficacité reconnue : la transplantation de moelle osseuse. 

La moelle osseuse,  la solution  à l’épidémie ?

Dans la moelle osseuse se trouvent toutes sortes de cellules particulières, qui ont pour but de devenir des cellules sanguines ; d’où leur nom de cellules souches. Certains vont devenir des globules blancs –leucocytes-,  un rôle central dans le système immunitaire humain. Il en existe de nombreuses variantes, dont une qui sert principalement à reconnaître les molécules étrangères à l’organisme et à s’en défendre. C’est précisément à celles-ci que s’attaque le VIH. Après plusieurs années d’infection, les globules blancs deviennent trop peu nombreux pour assurer la défense immunitaire. La voie est donc libre pour un tas de maladies opportunistes.

Le patient de Berlin a bénéficié d’un don de moelle osseuse pour traiter sa leucémie. L’innovation réside dans le choix du donneur. Dans ce cas, il  possède des globules blancs particuliers: ils proviennent d’individus dont les globules blancs résistent naturellement au VIH. Pour infecter sa cible, le virus doit reconnaître un motif précis sur sa cible. Chez les personnes résistantes, la mutation d’un gène change ce motif. Le VIH ne peut plus infecter le globule blanc visé : la personne est résistante. En prélevant la moelle osseuse au donneur résistant, les médecins prélèvent aussi des cellules souche qui pourront donner des globules blancs résistants. Et cela a fonctionné : suite à la greffe, le patient de Berlin a recommencé à produire des leucocytes résistants. Sa condition s’est améliorée progressivement, à tel point qu’aucune trace du virus ne persiste. A l’heure actuelle, Timothy Brown est toujours considéré guéri du SIDA. C’est cette même procédure qui a été employée avec succès pour le Patient de Londres par l’équipe du Pr. Gupta.

Une piste thérapeutique solide mais encore abstraite

En l’état actuel des choses, il sera difficile d’en faire un remède à grande échelle. En 2016,  le registre des donneurs de moelle ne comptait que 263.343 inscrits en France. Un chiffre particulièrement faible qui s’explique par la complexité (lourdeur?) des démarches. Les donneurs doivent passer par une consultation, un dépôt de consentement au tribunal, un prélèvement sous anesthésie générale et finir par 48h d’hospitalisation. Parmi ce nombre restreint, il faut dénicher un donneur compatible pour limiter les risques de rejet. Avec ces contraintes, il est impossible d’imaginer soigner les 37 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde en 2017. L’accès aux soins de base reste très difficile, en particulier dans les régions les plus défavorisées. La guérison du Patient de Londres ne permettra pas d’ éradiquer le virus à court terme. En revanche, elle laisse entrevoir une piste de recherche très sérieuse. Alors même que les outils biotechnologies les plus récents et pointus  (comme CRISPR-Cas9) n’ont rien donné. Pas de remède miracle, mais bien un vrai pas en avant dans la course à l’éradication de ce virus longtemps réputé «  incurable  »… qui reste cependant encore loin du stade commercial, et potentiellement encore plus cher que la trithérapie.

Antoine Gautherie

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