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Vers une pratique plus encadrée de la chasse

Bérangère Couillard,secrétaire d’Etat à l’Ecologie a dévoilé ce lundi 9 janvier le plan de chasse du gouvernement. Ces 14 mesures témoignent d’une prise de conscience de la nécessité de réguler et de limiter les risques liés à la chasse. Les chasseurs du Bas-Rhin, qui appliquent déjà ces mesures, ne rencontreront pas de changement majeur. Le dimanche reste le point de discorde entre chasseurs et anti-chasse.   

Interdiction de chasser sous l’emprise d’alcool, renforcement des formations et des règles de sécurité, suivi des détentions d’armes et création d’une application numérique sur les lieux et temps de chasse : voilà les mesures principales proposées par le gouvernement. Mais le point phare de ce plan, c’est le maintien de la chasse le dimanche. Le million de chasseurs français réparti dans les 94 fédérations départementales pourront continuer à chasser le week-end. C’est une déception pour les associations anti-chasse qui sont en désaccord avec cette tradition. « On est déçu que le gouvernement ait cédé à la pression du lobbyisme », explique Zoé, membre du collectif « Un jour, un chasseur » qui recense les accidents de chasse. 

La chasse le dimanche ou l’élément de désaccord

L’objectif du gouvernement est d’apaiser les tensions entre les usagers de la forêt et les chasseurs. Selon un sondage de l’Ifop commandé par sept associations de défense des animaux et publié le 2 janvier dernier, 78 % des Français sont favorables à l’interdiction de la chasse le dimanche. « On a demandé l’interdiction de chasser le dimanche car c’est le jour où les gens partent se promener en forêt. On doit la partager elle n’est pas exclusivement aux chasseurs. », raconte Zoé. Une mesure qui n’a pas été reprise par le gouvernement. « Comme tout le monde, on travaille la semaine. Interdire la chasse le dimanche ne réduira pas forcément les accidents. Les jeunes étudient la semaine, on aurait donc un problème de transmission. », affirme Jean Christophe Pintur, chasseur du côté d’Haguenau. 

Le Bas-Rhin comme précurseur

Le plan du gouvernement ne change pas les habitudes des chasseurs bas-rhinois. La Fédération départementale des chasseurs du Bas-Rhin applique déjà les règles de sécurité présentes dans le plan gouvernemental. « On est précurseur, dans le département on applique ces règles depuis 5 ans. Ce plan arrive en retard mais il est nécessaire sur le plan national », explique le président de la fédération Frédéric Obry. Les chasseurs bas-rhinois utilisent déjà l’application « Land Share » qui permet à tous les usagers de la forêt d’être au courant lorsqu’une chasse est en cours. L’application existe seulement dans le Bas-Rhin, dans le Rhône et dans l’Isère. L’une des mesures demandées depuis longtemps est la réglementation concernant l’alcool. Les chasseurs cherchent à s’éloigner de l’imaginaire développé par le sketch des Inconnus en 1991. « En 20 ans de chasse, je n’ai jamais vu un chasseur bourré. Moi je suis totalement pour la tolérance 0. Je suis chef de ligne, s’il y a une personne ivre dans ma chasse il est viré sur le champ avec une bonne soufflante et il ne rechassera plus jamais. », s’insurge Jean-Christophe Pintur.

Une volonté de rassembler

Le gouvernement estime que la pratique de la chasse sur le territoire est essentielle notamment à des fins de régulation des populations de grands gibiers. Moderniser la pratique et unir tous les usagers de la forêt sont les principaux objectifs du gouvernement, une tâche complexe à réaliser. « Les anti-chasse resteront anti-chasse, ce n’est pas avec ce plan que l’on va régler tous les problèmes. Je vais proposer une journée nationale à la préfète Josiane Chevalier au cours de laquelle tous les usagers de la forêt partageraient un moment pour s’expliquer et lever les incompréhensions. », propose Frédéric Obry. Si la pratique continue d’agiter les débats publics et politiques, les chiffres des accidents sont en baisse depuis 20 ans selon l’Office française de la biodiversité (OFB). On recense quand même 90 accidents de chasse dont 8 mortels cette année.  

Les 14 points du plan gouvernemental 

  • Renforcer les formations à la sécurité. Objectif : 1 chasseur sur 2 formés d’ici 2025 
  • Mise en place d’une formation obligatoire de tous les organisateurs de battue. Objectif : 1 chasseur sur 5 formés d’ici 2025
  • Interdiction de la chasse sous l’emprise de l’alcool et de stupéfiants 
  • Renforcer et harmoniser les règles de sécurité 
  • Réaliser une expertise de sécurité sur chaque site accidentogène
  • Améliorer le suivi de détention des armes 
  • Favoriser les pratiques plus sûres (tirs postés, traque-affut)
  • Généraliser l’utilisation d’un témoin de chambre vide 
  • Renforcer les peines en cas de condamnation suite à un accident 
  • Créer une application numérique d’Etat sur les lieux et temps de chasse
  • Standardiser les panneaux de signalisation des chasses collectives 
  • Afficher en mairie les jours chassés par les Associations Communale de Chasse Agréée (ACCA)
  • Favoriser les espaces de dialogue avec au moins un débat annuel dans chaque département
  • Publier chaque année le bilan des accidents 

Marie Chappaz et Tom Herga

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