Les boulangers français traversent une période sombre. Avec une hausse des coûts de l’énergie, les artisans doivent faire d’énormes concessions pour fabriquer leurs produits.
La flambée des prix de la baguette se poursuit. Face à cette hausse, de nombreux clients ont été contraints de modifier leurs habitudes pour rester dans la limite de leur budget mensuel. « Notre fréquentation a pas mal baissé depuis fin 2021. Les gens viennent encore, nous avons nos clients réguliers, mais ils achètent de moins en moins et ne consomment plus autant de produits » expliquent Sabrina, vendeuse depuis près de cinq ans dans la boulangerie Gramfort de la commune d’Auenheim.
Une hausse des prix qui touchent tous les produits
Le coût de ses produits finis a connu une nette hausse. Leur symbolique bannette à 1 euro, qui fait la renommée de l’enseigne, n’est plus. Signe d’une inflation grandissante et constante, son prix a déjà augmenté de 10 centimes et pourrait peut-être atteindre 1€20. À l’image de la bannette, ce sont les prix de tous les produits sans exception qui sont touchés. Les pâtisseries mais également les viennoiseries, les plats du jour ou encore les pains spéciaux. Cette hausse des tarifs peut aussi être expliquée par l’augmentation des prix des matières premières comme les œufs, les oléagineux, le beurre ou encore la farine. Depuis 2021, les prix du gaz et de l’électricité ont connu une forte hausse en France. Le coût du mégawatt heure d’électricité a augmenté de 21 %. Pour le gaz, ce chiffre monte jusqu’à 66%. Les boulangeries comme leurs clients ont alors adapté leurs habitudes en fonction de cette inflation. Pour les boulangeries Mikaël Gramfort d’Auenheim, il y a eu un certain nombre de changements.
Des clients mécontents
« Même en matière d’achats, les consommateurs s’offrent des produits plus simples. Les pains spéciaux, plus qualitatifs mais aussi plus chers, sont de plus en plus délaissés au profit des pains classiques ou des bannettes » ajoute-t-elle. Il peut également arriver que les clients se plaignent directement auprès des vendeuses. « Tous les prix augmentent, même pour acheter du pain. Alors que nos retraites, elle, restent-les mêmes » témoigne Christiane, retraitée et cliente régulière de la boulangerie.
L’effet Noël, une bouffée d’air frais
La période de fête de fin d’année a toutefois permis aux boulangers de voir leur clientèle augmenter significativement mais de manière éphémère. Cette période de l’année a été la plus fructueuse en matière de ventes de pains spéciaux, de viennoiseries ou encore de plats du jour. « Il y a vraiment eu une forte demande. On a vraiment constaté l’effet Noël pendant un moment même si maintenant ça s’est calmé » affirme Claudine, vendeuse de la boulangerie Gramfort de la commune de Forstfeld. Cette période est toutefois révolue mais a notamment permis d’épauler les boulangeries durant cette crise.
Le gouvernement agit pour les boulangeries
Le gouvernement français a toutefois tenu à apporter son soutien et son aide aux boulangers de France. Un bouclier tarifaire va alors être mis en place. Il limitera la hausse du prix du gaz et de l’électricité à 15% d’ici le 1er février et restera en vigueur, pour l’électricité, jusqu’au 31 décembre 2023. Celui pour le gaz, quant à lui, ne devrait qu’être appliqué jusqu’au 30 juin 2023 dû aux contraintes des droits de l’Union européenne. Par ailleurs, cette aide est réservée aux TPE, des entreprises de moins de 10 salariés avec un chiffre d’affaires annuel inférieur à deux millions d’euros. La boulangerie Gramfort sera alors concernée par cette aide.
Lino BAUER (IEJ 2)