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Aider l’Ukraine tant bien que mal

Un an après le début de la guerre en Ukraine, la mobilisation strasbourgeoise continue. La cause ukrainienne trouve toujours un écho aux oreilles des Alsaciens mais l’intensité de ce soutien s’effrite avec le temps. 

Un an s’est écoulé et les cartons de médicaments partagent toujours le bureau de l’avocat Yegor Boychenko. L’homme d’origine ukrainienne avait lancé l’an dernier une collecte de médicaments auprès du barreau de Strasbourg. Aujourd’hui sa démarche reste la même mais elle s’est ouverte à un plus large public. « Je continue toujours. A la base, la collecte était auprès des avocats mais au bout d’un mois les infirmiers et les particuliers ont pris le relais », se souvient l’avocat. Parmi les dons, les pansements, dolipranes et perfusions sont en nombre. Mais avec le temps, leurs nombres diminuent. Les dons des particuliers à leur échelle ont laissé la place aujourd’hui, dans une moindre mesure, à ceux des professions médicales. De 400 à 500 kilos de dons par semaine, la collecte est descendue à ce même volume, mais sur un mois.

 Leur destination finale sera l’ouest de l’Ukraine avec comme relais sur place Sergiy Podolotnyy, un ami de Yegor Boychenko depuis plus de 10 ans. « Sergiy réceptionne toute l’aide d’Europe, personnellement, j’envoie des médicaments, mais il reçoit aussi des drones et des gilets pare-balles. Il envoie tout vers Kharkiv, Kiev et Soumy dans l’est de l’Ukraine », explique-t-il.

« Des gens sans lien avec l’Ukraine proposent leur aide »

 L’avocat travaille en collaboration avec une association strasbourgeoise PromoUkraïna notamment pour acheminer l’aide vers l’Ukraine. D’un autre côté, des particuliers viennent à sa rencontre pour lui proposer leur aide qui peut aller de simples dons à un moyen de transport pour aller jusqu’en Ukraine. Yegor Boychenko est ému quand il évoque l’élan de solidarité dont il a été témoin pendant toute l’année. « Ça me touche beaucoup, je suis toujours impressionné par l’aide apportée par les Français. Des gens sans lien avec l’Ukraine proposent leur aide sans rien demander en retour », confie-t-il. Pour transporter les médicaments à la frontière ukrainienne, c’est la « débrouille ». Dès qu’il y a de la place dans un véhicule en partance pour l’Ukraine, l’avocat en profite pour placer quelques colis de médicaments. Parmi ses nombreuses rencontres au cours de cette année, un homme l’a particulièrement marqué, Antoine Martin. « Il m’a contacté pour amener des médicaments en Ukraine, il a fait deux allers-retours avec son camping-car rempli de cartons de dons », indique-t-il.

Antoine Martin s’est rendu en Ukraine avec son camping-car rempli d’aide médicale. Credit : Antoine Martin

« 1500 km c’est très proche »

Antoine Martin, 57 ans, est cariste dans une grande enseigne de bricolage. Il n’a aucun lien familial ou amical qui le relie à l’Ukraine. Pourtant le 26 février, 2 jours après le début de l’invasion russe, il décide de rejoindre le pays en guerre. Après avoir accumulé les refus auprès des ONG pour apporter son aide, l’Alsacien fait la rencontre de Yegor Boychenko. « M. Boychenko m’avait donné un point de géolocalisation pour m’indiquer où livrer les médicaments », explique le cariste. Sur place, Antoine Martin essaie de se faire comprendre comme il peut : « Je ne parlais aucune langue, j’y suis allé en freestyle et je me suis démerdé en mimant avec les bras et les mains », décrit-il.

 Parti avec une montagne de cartons d’aide médicale, le cinquantenaire revient en France avec une frêle famille ukrainienne soulagée d’avoir pu quitter son pays sain et sauf. La condition du peuple ukrainien a motivé la décision d’Antoine de partir pour l’Ukraine. « Je souffre de savoir que des gens se font tuer gratuitement, l’exode des familles avec leurs enfants et un sac. Dans ce sac, il y a toute leur vie. 1500 km c’est très proche et demain ça peut être chez nous. On est là à la maison au chaud, eux ils sont partis dans le froid », confie-t-il avec une voix chevrotante. Aujourd’hui, il a arrêté les convois à cause de problèmes de santé et regarde désespérément « les sentiments [envers le peuple ukrainien] s’essoufflaient avec le temps ».

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