Depuis le 1er janvier 2023, il n’est plus possible pour les bailleurs de louer des passoires thermiques. Une contrainte qui incite les propriétaires à rénover ou céder leur logement. De nombreux biens ont été mis en vente mais est-ce rentable d’acheter une passoire thermique ?
Ils sont mal isolés, peu écologiques et souvent coûteux. Les passoires thermiques, représentent plus de 5,2 millions d’habitations en France selon l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE). Un fléau que le gouvernement veut endiguer dans le cadre de sa loi « Climat et résilience ». Dernière mesure en date, l’interdiction depuis le 1er janvier 2023, de la location des logements dont la consommation énergétique finale annuelle est supérieure ou égale à 450 kWh/m². Désormais deux solutions s’offrent aux bailleurs : rénover leur logement ou le mettre en vente. Nombreux sont ceux qui choisissent la deuxième option : « Ce mouvement peut s’expliquer par les craintes que peuvent représenter de tels logements en termes de coûts et de temps de rénovation », explique Thomas Lefebvre, directeur scientifique de SeLoger, groupe spécialisé dans la diffusion d’annonces immobilières sur Internet. D’après des données fournies par la plateforme, près d’1/5 des offres postés sur son site concernent des passoires thermiques.
« 15 à 20% moins cher »
Parmi les annonces en ligne, l’une d’elles correspond parfaitement aux caractéristiques d’une passoire thermique. Situé dans le quartier Cronenbourg Est à Strasbourg, l’appartement de 98 m² qui date de 1930 a une consommation annuelle de 600 Kwh/m². Une consommation bien trop excessive qui le classe G au diagnostic de performance énergétique, soit la pire note possible. Résultat, selon l’annonce il faut ainsi compter entre 2730 et 3730 euros de dépenses en énergie par an. Un vrai point noir, qui se répercute sur son prix : 302 000 euros, bien en dessous du prix du marché dans cette zone. « En moyenne, ce type de logement sont 15 à 20% moins cher », explique Raphael Grosse. Pour cet agent immobilier strasbourgeois qui voit de plus en plus ce type d’annonce, investir dans une passoire thermique peut-être « une bonne affaire », même si, dit-il « il faut avoir conscience que le budget global est compliqué à maitriser. ». Certains biens sont en effet difficile à rénover comme les appartements sous comble ou ceux situés dans une copropriété qui n’ont pas toujours le budget nécessaire.
Des aides pour rénover
S’il est difficile pour l’acheteur d’estimer les dépenses inhérentes aux rénovations énergétiques de son logement, des aides existent. La plus célèbre, MaPrimeRenov, soutient les propriétaires dans les travaux essentiels de rénovations thermiques : isolation, changement de fenêtres ou encore remplacement du système de chauffage. Pour un particulier le montant de la prime peut s’élever jusqu’à 35 000 euros. Vient s’ajouter à cette aide, le bonus « sortie de passoire », spécialement destiné aux logements les plus énergivores (Classe F ou G) et dont le montant s’élève à 1500 euros pour les ménages les plus modestes. Des aides conséquentes qui peuvent encourager à l’achat d’une passoire thermique même si pour Raphaël Grosse « le retour sur investissement est très dur à quantifier ».
En 2022, 670 000 rénovations énergétiques ont eu lieu et le mouvement pourrait encore s’accélérer. Après les logements classés G, ce sont les classes F qui seront interdites à la location d’ici 2028 puis les classes E d’ici 2034.
Jeremie RENGER
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