Phénomène cyclique et parfois mystérieux, l’insomnie fait le malheur de ses victimes. Pour les multiples personnes touchées par ce qui peut être considéré comme une maladie, ce ne sont pas les jours qui se ressemblent mais bien les nuits. A leur grand désarrois, elles assistent impuissantes à la dégradation de leur cycle de vie.
Passer sa nuit les yeux ouverts. Pour beaucoup, cela peut sembler incongru durant ce lapse de temps destiné au sommeil. Pourtant, nombreux sont les Français à souffrir d’insomnie. L’insomnie est un phénomène qui se matérialise par des difficultés chroniques pour s’endormir. Selon une récente étude de l’INSERM, unique organisme public en France entièrement dédié à la santé humaine, l’insomnie touche près de 15 à 20% des Français, dont la moitié par une forme sévère.
La peur de s’endormir
« Cela fait des années que je n’ai pas fait une nuit avec 8 heures de sommeil d’affilée », confie Christine Cronenberger, atteinte d’insomnie depuis 18 ans. Pourtant, ce n’est pas l’envie de dormir qui lui manque, puisqu’avec la fatigue accumulée jour après jour, elle ne souhaite que s’endormir le soir en se couchant. « Le pire, c’est que psychologiquement, moins tu dors, plus tu as du mal à t’endormir la nuit suivante, poursuit-elle. En fait, après une mauvaise nuit, tu es tellement angoissé avant d’aller te coucher le jour suivant, que tu ne peux pas dormir. »
L’un des autres soucis majeurs de l’insomnie, en plus du manque de sommeil qui s’accumule, c’est que son origine est souvent un mystère. « Je suis quelqu’un de très stressée intérieurement, détaille Christine Cronenberger. Mais je n’ai pas l’impression qu’un quelconque évènement puisse m’empêcher de dormir. Peut-être que dans mon subconscient il y a des choses que je vais ressasser, alors que je ne pense pas que ça a le moindre impact dans ma vraie vie. C’est psychologique, c’est sûr. »
Un cercle vicieux
Pour d’autres personnes, l’insomnie peut être causée par un événement traumatisant. « J’ai commencé à avoir de gros problèmes de sommeil quand mon mari est mort, raconte Fernande Froidevaux, désormais retraitée. Je me réveille en plein milieu de la nuit et je suis alors hyperactive, je pourrais faire n’importe quoi. » Depuis plusieurs mois, elle vit donc des nuits compliquées, sans trouver le remède miracle qui lui permettrait d’à nouveau bien se reposer.
« C’est un cercle vicieux, explique pour finir Christine Cronenberger. Quand tu dois te lever le lendemain matin, tu vois le nombre d’heures que tu as en moins. Et lorsque je suis au stade où j’ai plus mes heures de sommeil, c’est fini. Je sais déjà que le lendemain je serai fatiguée et plus en forme. » Tiraillés entre une fatigue étouffante et un cerveau remuant, les insomniaques ne sont pas près de pouvoir fermer les yeux sur leurs problèmes.
Damon SCHLAEFFLIN