Les paillotes de la Grande-Motte ont à nouveau fleuri au bord de la mer depuis la fin juin. Ces restaurants/bars éphémères aux allures d’hôtels de luxe doivent jongler avec les mesures sanitaires.
Les mesures post-Covid ont eu raison du White Beach. Ses gérants ont annoncé que leur paillote située habituellement sur la Grande-Motte ne rouvre pas cette année. C’est via la page Facebook que l’annonce a été faite, mettant en avant « Les procédures de gestes barrières (…) (qui) imposent beaucoup de contraintes qui seront difficilement applicables pour un bon fonctionnement de notre activité et ne correspondent pas à l’état d’esprit d’un établissement de plage privée ». C’est la seule paillote qui est dans ce cas dans ce haut lieu touristique, situé à quelques kilomètres de Montpellier. Toutes les autres sont au rendez-vous, comme partout en France. D’après le site « Epaillotes », elles seraient 2300 au total, et génèrent près d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires.
Elles ont tenté le pari
Les vacanciers sont prêts à les prendre d’assaut. Pour les accueillir, La Voile Bleue avait entamé le montage du local éphémère dès le début du mois de juin. Avec un bémol : hier, la direction a communiqué via ses réseaux sociaux qu’elle ne pourra plus assurer les animations et les réservations des tables, côté bar, comme lors des années précédentes. Il faut dire que cette année, les employés n’ont pas eu de période d’adaptation. « On a tout de suite attaqué fort et on n’est pas prêt de souffler. Ouvrir en pleine saison, sans rodage, c’est du jamais vu. », affirme l’un des employés de la Voile Bleue. Un peu plus loin sur la plage, la paillote du Cosy a aussi ses premiers clients. « C’est principalement des locaux qui sont venus pendants ces deux premières semaines, mais on s’attend à avoir pas mal de vacanciers. D’ailleurs, on est déjà complet au niveau des transats pour samedi et dimanche », se réjouit Jean Mira, l’un des deux gérants de la paillote. Même s’il est optimiste pour cet été, c’est environ 20-25% de ses 415 000 euros de chiffre d’affaires annuel de perdu sur la saison 2020 avec les deux mois d’arrêt.
Des petites « villes » sur sable
Quasiment inexistant il y a quinze ans, le business des plages privées a connu un boom, notamment dans le sud de la France. Pourtant payer une parcelle au bord de la mer a un coût. Les concessions allouées par les mairies du littoral peuvent varier de 15 000 euros à plus de 100 000 euros pour une saison estivale. « Nous, on doit débourser 10 000 euros à la mairie par mois, le temps de notre présence, pour être ici. », indique Jean Mira, le patron de la paillote du Cosy. Une manne inespérée pour les collectivités, offerte grâce à la loi littoral. Ces paillotes sont aussi un gisement d’emploi. Au moment de monter leurs structures, les gérants font appel à des sociétés spécialisées. Ensuite la plupart de ces restaurants/bars de plages embauchent en grande majorité des saisonniers. À l’aube de l’automne, les paillotes sont emportées par le vent avant d’éclore à nouveau dès la saison estivale suivante.
Un reportage d'Antoine Baret, édité par Sailesh Gya.