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La France s’attaque à la précarité menstruelle

Un article de Julia Clementz, édité par Sailesh Gya

Les protections hygiéniques restent encore trop chères pour des milliers de femmes. Certains pays proposent des expérimentations pour lutter contre cette précarité menstruelle, mais ils restent rares.

Des femmes avec peu de moyens sont dans l’incapacité de se procurer des serviettes hygiéniques ou encore des tampons. Elles finissent par utiliser des bouts de draps ou du papier journal dans des chaussettes, ce qui peut provoquer de lourdes conséquences sur leur santé. Cette réalité a un nom : la précarité menstruelle. En France, 1,7 million de femmes en sont victimes en 2019, selon une étude Ifop pour Dons solidaires, réalisée auprès de la population et des bénéficiaires d’associations.

Changer les règles

Un chiffre inadmissible pour Patricia Schillinger, sénatrice du Haut-Rhin (LRem), qui est satisfaite de la nouvelle expérimentation annoncée par le gouvernement, le 28 mai dernier. « C’est un défi social et sanitaire, je ne pensais pas que certaines femmes faisaient autant des sacrifices », raconte-t-elle. « Je serai satisfaite lorsque la distribution se fera gratuitement, comme pour le papier w.c. dans les toilettes. » L’étude menée par l’IFOP pour Dons Solidaires constate que 39% des femmes les plus précaires ne disposent pas suffisamment de protections hygiéniques.

À partir de septembre, des protections hygiéniques seront offertes aux femmes de tous âges. Les lycéennes et collégiennes pourront s’en procurer dans des établissements scolaires, et les étudiantes à l’université. Dans les prisons, les épiceries sociales et les foyers, des distributions gratuites seront également assurées. Des maraudes seraient également organisées dès la rentrée. Enfin, Règles Élémentaires, la première association française qui lutte contre la précarité menstruelle depuis 2015 en organisant des collectes de dons, obtiendra une dotation de 60 000 euros de l’État. « Le montant global de cette expérimentation s’élève à un million d’euros », souligne Patricia Schillinger.

Choisir entre l’hygiène et l’alimentaire

« Certaines femmes doivent choisir entre acheter un paquet de serviettes hygiéniques et des produits alimentaires », rappelle Patricia Schillinger. La sénatrice du Haut-Rhin souhaite que dans plusieurs années, les femmes puissent avoir à disposition les protections nécessaires partout, quand elles le souhaitent, et gratuitement. De plus, la sénatrice espère que le tabou lié aux règles sera levé même si elle a conscience que ce n’est pas facile. « On avance, mais il ne faut pas lâcher, il faut faire de la pédagogie », souligne-t-elle.

Des situations plus difficiles

Au Kenya, 65% des jeunes filles n’ont pas accès à des protections hygiéniques selon l’association Zana Africa. Dans ce pays, un paquet de serviettes ou de tampons est beaucoup trop cher pour la majorité des femmes qui sont obligées de trouver des solutions de substitution comme de la boue séchée. Des femmes indiennes, qui sont dans la même situation, utilisent des bouts de tissus usagés ou encore de la sciure. Ces méthodes, dangereuses pour leur santé, peuvent provoquer des infections. En Inde, les règles ne sont pas seulement taboues, mais aussi une honte. Personne n’en parle, les jeunes filles ne sont pas éduquées à ce sujet, et elles manquent parfois l’école. La réalisatrice Rayka Zehtabchi a reçu en 2019 l’Oscar du meilleur documentaire court pour Les règles de notre liberté. Ce documentaire, filmé dans l’Inde rurale, montre comment les femmes s’adaptent pendant leurs menstruations et comment la précarité menstruelle touche ce pays. C’est un moyen de faire changer les choses pour faire prendre conscience au monde que la précarité menstruelle existe.

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