Trois étages de mystères se dressent le long de la route RN83, près de Sélestat. L’hôtel Saint-Hippolyte est connu de tous les Alsaciens car réputé hanté. Mais la vérité est bien moins effrayante. La seule énigme qui entoure les lieux est administrative.
L’Hôtel Saint-Hippolyte attise les rumeurs. La plus macabre ? La fille des propriétaires serait morte dans ce bâtiment reconstruit à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Une sclérose en plaques l’aurait foudroyée dans les années 1980. Endeuillés, ses parents ont renoncé à ouvrir l’hôtel. Le lieu deviendra maudit, attirant les candidats au suicide, prêts à quitter ce monde en compagnie d’un fantôme tout juste sorti de l’enfance. De quoi agacer le propriétaire des lieux, Pierre Rolly Gassmann. « L’hôtel n’est pas hanté, c’est n’importe quoi ! », s’emporte-t-il. La bâtisse appartient à la famille du viticulteur depuis des générations. Pour lui, l’histoire de l’hôtel Saint-Hippolyte est bien différente de celle qui circule dans les foyers alsaciens.
« Il n’y a jamais eu de petite fille »
« La sœur de ma mère était l’une des première femme cheffe, raconte-t-il fièrement. Elle devait reprendre l’hôtel ». Malheureusement, sa tante mourra d’un cancer de l’œil avant de pouvoir ouvrir l’hôtel. « Il n’y a jamais eu de petite fille », balaye-t-il, fatigué de répondre aux questions des indiscrets.
Une guerre administrative
Après la mort de la cheffe, tout deviens flou. C’est là que réside le vrai mystère : l’hôtel a disparu des plans d’occupation des sols (POS). Sans existence légale, il est devenu inconstructible. Aucune démarche ne pouvait être menée, puisque le bâtiment était invisible aux yeux de l’administration. Une « guerre » administrative entre la mairie et les propriétaires a achevé de le conduire à l’état de ruine. Le bâtiment est finalement réapparu sur les plans en 2018. « L’hôtel ne sera pas démoli », assure toutefois son propriétaire. Pour l’instant, rien de concret n’est prévu.
Une enquête paranormale rondement menée
Peu de gens connaissent cette version de l’histoire et les rumeurs continuent de circuler. A tel point qu’elles ont attiré Grégory, un enquêteur paranormal. « J’ai entendu beaucoup de témoignages dessus donc j’y suis allé », explique-t-il. Equipé d’un simple dictaphone et d’une caméra, il a visité le bâtiment lugubre. Verdict : « je n’ai rien enregistré d’anormal », admet le chasseur de fantômes qui s’est rendu au moins trois fois sur les lieux. « C’est une belle légende urbaine », lâche-t-il.
L’hôtel est très prisé des urbexeurs – explorateurs urbains – mais gare à eux ! Si aucun fantôme ne semble avoir pris possession des lieux, un arbre a en revanche poussé dans l’hôtel et menace de le faire s’écrouler.
Alice Rixein