Le très attendu baromètre d’attractivité élaboré par le cabinet EY a sorti son étude pour l’année 2019. Les résultats y sont plutôt encourageants. En quelques années, la France a réussi à augmenter son attractivité pour les entrepreneurs. Mais si les chiffres semblent rassurants il y a quand même une ombre au tableau. Le climat politique et social qui règne dans l’hexagone inquiète une partie des investisseurs. L’attractivité risque-t-elle d’être impactée sur le long terme ?
Après une politique favorable à l’entrepreneuriat au début de son mandat, Emmanuel Macron avait redonné confiance aux chefs d’entreprise. Ce sont 58% des dirigeants internationaux qui estiment que cette politique en faveur de l’entreprise a été réellement efficace. De l’autre côté près de 29% l’ont jugé inefficace.
Souvent critiquées, les start-up ont donc encore quelques années devant elles en prenant appui sur ces chiffres. Les services internet, les sciences de la vie et le secteur numérique sont en pleine floraison, même s’il a fallu rapatrier certains entrepreneurs en France : «Je me rappelle le déplacement de François Hollande en Californie à l’époque. Il nous avait quasiment supplié de venir en France pour créer de l’emploi.» explique Rick Claver, entrepreneur digital en Alsace. Le gouvernement a souvent tenté de re-séduire ces jeunes start-up en tentant de changer les mentalités. Des événements comme le sommet Choose France 2020 ont permis de dépoussiérer une communication autour de l’entrepreneuriat qui avait été laissé à l’abandon ces dernières années : «Les talents on les a, les ingénieurs on les a, mais il fallait réussir à donner un cadre de travail plus agréable.» renchérit Rick Claver.
Avec le retour sur le territoire et la montée en puissance de ces jeunes sociétés, l’écosystème entrepreneurial français a encore de beaux jours devant lui.
Mais les investisseurs étranger ne sont pas en reste. Sur l’année 2018 les projets d’investissements industriels étrangers ont augmenté de 5% : «Le made in France monte en gamme. C’est nouveau. Il n’y avait guère plus que dans le luxe qu’elle faisait du haut de gamme.» explique David Cousquer, fondateur du cabinet Trendeo dans l’étude mise en place pas le cabinet EY. Cette hausse de l’investissement étranger en France est un phénomène très récent. Pourtant une inquiétude subsiste, celle de voir ces nouveaux entrepreneurs partir à cause d’un climat social instable.
Des investisseurs prudents
En France, les manifestations et les grèves ont ralenti le fonctionnement de l’hexagone ces derniers mois. C’est un facteur à prendre en compte et les investisseurs pourraient être découragés. Si le mouvement des gilets jaunes et encore trop récent pour qu’il soit possible de voir ses répercussions sur le long terme, le risque d’une fragilisation de l’économie est possible. En 2019, 57% des investisseurs interrogés indiquent que le climat social et politique d’un pays à un impact sur leur décision d’investir ou non. Mais est-ce une réelle menace ?
En effet, les intentions d’implantations et d’extensions en France atteignent leur niveau le plus bas depuis 2015. 78% des entrepreneurs envisagent de ne pas étendre leur implantation dans l’hexagone. Des chiffres qui sont en opposition avec d’autres très bons résultats. Début 2019, ils étaient encore 80% à voir la France comme une localisation « satisfaisante » ou très « satisfaisante.» Pourtant les avis sont mitigés sur les possibilités d’investissement étranger en France : «En général, je n’ai pas l’impression que la France est une destination favorite pour les entrepreneurs étrangers» avoue Rick Claver.
Pour l’instant, les répercussions de ce climat social instable ne sont pas simple à identifier, mais la menace est malgré tout réelle.
Marie Sprauer