Les agressions contre les pompiers ne cessent d’augmenter et cela ne s’améliore pas en ce début d’année. Les soldats du feu ont déjà été pris pour cible de nombreuses fois en ce mois de janvier notamment à Strasbourg mais aussi partout en France.
En ce début d’année 2020, les agressions commises envers les pompiers continuent. L’Eurométropole de Strasbourg n’y fait pas exception. Dans la nuit du samedi 18 janvier, un des véhicules du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) a été pris pour cible par des jets de pierre dans le quartier de la Laiterie à Strasbourg. Le dimanche 12 janvier, une semaine avant ces faits, trois sapeurs-pompiers avaient également été agressés. Alors qu’ils intervenaient dans un immeuble à Schiltigheim pour porter secours, la victime les a attaqués avec un couteau. L’un d’eux a été blessé au visage.
Des agressions ont déjà eu lieu dès les premiers instants de 2020. La nuit du Nouvel An a été plutôt agitée pour le personnel du SDIS. Presque 300 véhicules ont été incendiés dans différents quartiers de la capitale alsacienne. Au cours de leurs interventions, les pompiers ont été victimes d’agressions verbales et physiques, certains d’entre eux ont même été pris en guet-apens. Deux soldats du feu ont été blessés à Cronenbourg, où un projectile a traversé la vitre de leur camion. Outre les blessures physiques, les pompiers sont nombreux à avoir été affectés psychologiquement.
À la suite de ces événements, le SDIS a décidé de mettre en place une cellule psychologique. Un protocole prévoit également la création d’équipes mixtes de pompiers et de policiers pour assurer la sécurité lors d’interventions compliquées, en particulier dans les quartiers sensibles.
Quelques jours après le réveillon mouvementé du Nouvel An, le pompiers sont intervenus sous escorte policière pour éteindre un feu de cave dans le quartier de Cronenbourg. La présence de la police n’a cependant pas dissuadé certaines personnes d’insulter les soldats du feu lors de leur passage.
Des chiffres inquiétants
Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), les violences envers les pompiers ont presque triplé au cours de ces dix dernières années. En 2017, pour 10 000 interventions, 6 pompiers ont été victimes d’agressions. Cette année là, les soldats du feu sont intervenus plus de 4 millions de fois au total. Toujours selon l’ONDRP, 450 véhicules ont été endommagés en 2018. Côté humain, le bilan s’élève à 3 411 pompiers agressés. 2 241 d’entre eux ont décidé de porter plainte. Ces chiffres sont toujours en hausse. Selon le Ministère de l’Intérieur, le nombre d’incidents a augmenté de 50 % sur les cinq premiers mois de 2019, comparé à la même période de l’année passée.
18 propositions de lois
Après six mois d’auditions et de déplacements sur le terrain, la commission des lois a adopté 18 propositions pour lutter contre les violences envers les sapeurs-pompiers. Publié le mercredi 11 décembre 2019, ce rapport a été rédigé par trois sénateurs : Catherine Troendlé, Loïc Hervé et Patrick Kanner. Ces propositions sont principalement axées sur trois points : avant, pendant et après les agressions. Parmi les mesures adoptées, on peut retrouver le lancement d’une campagne de sensibilisation et une adaptation des équipements utilisés avec la mise en place de vitres feuilletées dans les véhicules d’interventions, et de gilets pare-lames. En septembre 2018, un sapeur-pompier est décédé après avoir été poignardé par l’homme à qui il portait secours, qui était atteint de schizophrénie.
Plus de 800 pompiers dans les rues de Strasbourg
Pour dénoncer les violences dont ils sont victimes, les syndicats SPP-PAT 67, FO SIS 67 et Avenir Secours 67 ont organisé un rassemblement le 17 janvier à Strasbourg. Ils étaient 800 selon la police, un millier selon les organisateurs. Le cortège composé de toutes branches du métier est parti de la caserne du quartier Cronenbourg à 9h30. En tête de file, un cercueil symbolique sur lequel était inscrit « Touche pas à mon pompier » et « Pour que cela n’arrive jamais dans le Bas-Rhin » a été porté par plusieurs personnes. Après un arrêt au palais de justice, les manifestants se sont rendus devant l’hôtel préfectoral, où une délégation a été reçue par le préfet Jean-Luc Marx.
Solène Martin