A travers la France, plusieurs dialectes subsistent tant bien que mal. Parmi les plus populaires le ch’timi bien évidemment, mais dans d’autres régions comme en Alsace, ce dialecte se perd progressivement, au plus grand désarroi du professeur Sabine Lapp, qui a décidé de remettre l’alsacien au goût du jour.
C’est au Troquet des Kneckes, l’un des bars les plus connus de la ville que depuis quatre ans sont assurés les cours. Une initiative proposée par Sabine Lapp, assistante de direction dans les assurances.Tous les mardis soirs, elle enseigne et transmet l’alsacien, et les curieux sont au rendez vous. En ce mardi soir, plus d’une vingtaine d’intéressés s’étaient réunis au fond du bar. Pour se mettre dans l’ambiance, c’est autour d’une bière que le cours commence. Le thème du jour ? La nourriture. Un thème relativement facile, volontairement choisi afin d’intégrer plus facilement les nouveaux venus, majoritaires ce soir.
Des élèves de tous horizons
C’est le cas d’Amélie, originaire de région parisienne et qui participe pour la première fois au cours d’alsacien. « Je viens ici pour faciliter mon intégration sur mon nouveau lieu de travail, je trouve ça normal de m’adapter à la culture de ma nouvelle région. » assure-t-elle, le sourire aux lèvres. Le but du cours est de parler le plus possible à l’oral, c’est donc sous forme de tour de table que le cours se déroule. Une manière plus rapide de progresser sous l’ouïe fine des plus aguerris. Ici, aucune moquerie sur l’accent ou la prononciation, on est là pour s’amuser avant tout.
Si certains sont là pour se familiariser avec le dialecte, d’autres sont là uniquement par plaisir. Originaires de la région, ils viennent se détendre en fin de journée et échangent entre eux, uniquement en alsacien. Ces « deuxième année » comme ils s’auto-proclament sont de fervents défenseurs de la langue. Pour Julien, le constat est simple « en milieu rural le dialecte est encore assez répandu, mais dans une grande ville comme Strasbourg, quasiment plus personne ne parle l’alsacien, c’est regrettable. » conclut-il.
Un dialecte de moins en moins parlé
Ce cours, assez insolite en son genre, permet malgré tout de faire survivre comme il peut une langue de moins en moins parlée, et proche de tomber dans l’oubli. Aujourd’hui, selon les chiffres de l’OLCA ( Office pour la langue et les cultures d’Alsace Moselle ) seulement 31% de la population déclare parler l’alsacien alors que 35% des sondés déclarent ne pas le comprendre. « Il faut faire vivre la langue dans les grandes villes, sinon l’alsacien va progressivement s’éteindre » s’inquiète Sabine Lapp, la professeure. Un chiffre en chute libre puisque toujours selon l’OLCA en 1997, 61% de la population était considérée comme dialectophone, contre 40% aujourd’hui.
« J’essaie de proposer des projets pour permettre à l’alsacien de survivre, comme créer des écoles bilingues en alsacien » reprend Sabine Lapp. Certains concepts existent déjà comme des colonies de vacances uniquement en alsacien.
Véritable patrimoine culturel malgré son déclin, plusieurs acteurs se mobilisent pour donner un nouveau souffle à ce dialecte. « Le combat continue » conclut en riant Sabine Lapp.
Nathanaël Gillet
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