La consommation de viande a baissé de 10% en France les dix dernières années. Un phénomène qui touche également les sportifs qui sont de plus en plus nombreux à choisir un mode d’alimentation sans origine animale.
La pratique intensive du sport requiert une alimentation équilibrée et variée. Un problème pour les vegans, qui ne peuvent pas manger de protéines animales. Le modèle « vegan » exclut tout produit issu des animaux ou de leur exploitation. Cependant sport et véganisme ne sont pas pour autant incompatibles. Il existe des solutions pour qu’un sportif puisse pratiquer tout en étant adepte du véganisme. « Un régime végan bien maîtrisé, bien équilibré, n’est pas du tout une contre-indication à la pratique du sport de haut niveau. Un sportif a surtout besoin de glycogène, le sucre de réserve présent dans les féculents. Cela ne pose donc pas de souci aux végétariens. » déclare Laetitia Kohler nutritionniste et diététicienne.
Exemple marquant, le joueur de tennis numéro un mondial Novak Djokovic qui a adopté un régime végétarien depuis février 2016. Ce qui ne l’a pas empêché de gagner les quatre tournois du Grand Chelem depuis.
Des carences persistent tout de même
Si le véganisme et le sport de haut niveau ne sont pas incompatibles, un doute persiste néanmoins sur l’influence ou non d’un régime végan sur les performances des sportifs. Certes les éléments indispensables à la pratique sportive peuvent se trouver dans d’autres aliments que ceux d’origine animale, mais certains éléments relatifs à la performance (explosivité, puissance) ne sont présents que dans les protéines animalières. « On peut vivre sans protéine animale mais si on enlève la viande et le poisson en étant sportif de haut niveau, il peut y avoir un manque au niveau de certains acides aminés, même en mangeant des protéines végétales. » affirme le docteur Pascal Zeller, médecin du sport à la Meinau dans l’équipe du docteur François Piètra, médecin du Racing Club de Strasbourg.
Le régime végan ne serait alors compatible qu’avec certains sports ? C’est du moins l’idée qu’évoque le docteur Zeller : « depuis que je suis ici, je n’ai jamais vu un joueur de footballeur végan. » En effet les principaux exemples de sportif végan recensé sont des sportifs pratiquants des sports individuels et souvent à courte durée.
La santé plutôt que l’efficacité
Même s’il semble que le régime végan joue un rôle sur les performances athlétiques, il n’est en rien un boulet contraignant dans la vie de tous les jours pour les sportifs de haut-niveau. Au contraire, il peut même s’avérer bénéfique au quotidien. Les sportifs végan seraient moins enclin aux blessures articulaires et musculaires. « La viande augmente l’acidité dans le corps et un corps en acidose est un terrain propice aux tendinites. » explique Nicolas Ancillon kinésithérapeute au centre médico-sportif de la Meinau.
Autre bienfait d’un régime végan, la récupération. « J’ai la sensation de mieux récupérer depuis que je suis végan entre les différents sprints que je fais dans une même journée de compétition. » assure Camille Mai jeune sprinteuse en STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives). En effet, manger de la viande entraîne automatiquement une période de digestion qui nécessite de l’énergie. Energie utilisée moins importante pour la digestion de féculents ou d’aliments végétaux. Malgré les carences évidentes qu’entraine ce genre de régime, le véganisme tend à être de plus en plus adopté chez les sportifs de haut-niveau.
Antoine Baret