Mercredi soir, une cinquantaine de personnes se sont réunies dans la salle Pasteur du Palais Universitaire de Strasbourg pour assister à la conférence « Comprendre les nouvelles formes de fascisme pour mieux les combattre ». Cette dernière était animée par Ugo Palheta, maitre de conférence à l’université de Lille et auteur de « La possibilité du fascisme ».
Il y a quelques années encore, peu auraient prédit que la droite radicale gagnerait du terrain partout sur le globe. Et pourtant, des événements récents tels que l’élection de Bolsonaro au Brésil ou l’entrée de l’extrême droite au Parlement andalou nous prouvent le contraire. L’universitaire fait un tour d’horizon de l’échiquier politique : en Israël, en Turquie, en Pologne et en Hongrie, des partis de droite aux tendances extrémistes sont arrivés au pouvoir. Pour ne citer qu’eux.
Mais le portrait qu’il dresse de notre propre pays n’est guère plus reluisant. La France reste pour lui une société coloniale où le racisme est profondément ancré dans l’appareil étatique. Pour comprendre son analyse, il faut remonter jusque dans les années 1970. Pendant cette période de croissance, « on avait besoin de l’immigration » qui était vue comme « une solution ». Une décennie plus tard, l’immigration devient « un problème à résoudre ». Les responsables politiques pointent du doigt les populations étrangères qui seraient responsables de la crise, du chômage et de la baisse du pouvoir d’achat.
Des progressistes qui feraient le jeu des fascistes
Arrivent le 11 septembre 2001 puis les attentats que l’on connait depuis. L’islam est pointé du doigt et de nombreuses lois antiterroristes voient le jour. Dans le même temps, « l’extrême-droite gagne du terrain idéologiquement et électoralement ». Dans les discours politiques, on se met à opposer les progressistes aux populistes. Un scénario qui ressemble beaucoup à celui du second tour de l’élection présidentielle de 2017.
Grave erreur pour Ugo Palheta car bien souvent, ces progressistes font le jeu des fascistes. Ces premiers contribueraient à « banaliser les propositions » des fascistes en « réprimant des manifestations de manières brutales et autoritaires comme on ne le connaissait pas auparavant ». C’est également tout un arsenal judiciaire mis en place ces dernières années dont ils pourraient se servir s’ils arrivaient au pouvoir. « Ils n’auraient même pas besoin de changer les lois ! », ironise-t-il, en faisant référence à la majeure partie des mesures de l’Etat d’urgence entrée l’année dernière dans le droit commun.
Dénoncer, seul rempart au fascisme
Car si certains croient que le fascisme ne pourrait pas revenir au pouvoir en France, ce n’est pas son avis. Il accuse les politiques néolibérales qui « en détruisant le code du travail ont asservi les employés ». Résultat ? La pauvreté augmente et la capacité économique s’est renforcée au détriment du politique. Cela mènerait à un sentiment que « le système est incapable d’améliorer les choses » et encouragerait les populations à se tourner vers des discours radicaux.
En définitive, les progressistes ne seraient pas le rempart au fascisme qu’ils prétendent être. Au contraire, selon lui, Emmanuel Macron aurait sa part de responsabilité en ne proposant pas d’alternative crédible aux Français. Une conviction anime Ugo Palheta : « Il faut dénoncer car c’est l’indifférence qui mène au fascisme ! ». S’il le fait avec conviction, peut-être faudrait-il que la classe politique s’y mette aussi ?
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site internet d’Ugo Palheta.
Fanny Perrette