Depuis le début du mois de juillet, le street-artist Dan23 peint une fresque au sol qui recouvre la Place de la Vignette. Figure locale depuis plus d’une décennie, l’artiste fait passer ses revendications à travers ses œuvres. Il est revenu sur sa passion, son passé et ses idéaux.
Derrière ses lunettes de soleil, le regard de Dan23 balaie furtivement la place de la Vignette nouvellement décorée. La conception de sa création, nommée La tête dans les nuages, se fait de manière improvisée au jour le jour. Ce titre lui évite des contraintes vis-à-vis de la taille des différentes réalisations. « Je me suis dit : je vais faire un truc dans les nuages, comme ça je peux mettre tous types de perspectives et y a pas de soucis », explique le peintre de 48 ans.
Débuts surveillés
Autodidacte de plus de 20 ans en peinture, Dan23 pratique le street-art depuis presque une décennie. « Depuis tout petit ça m’intéresse, je suis né en plein dedans » raconte-t-il. Pour faire jaillir les couleurs vives de ses œuvres, il utilise de l’aquarelle. Un détail important pour lui : « Je trouve les villes très grises, donc il faut des couleurs qui pètent. ». S’il a désormais acquis une certaine notoriété à Strasbourg, ces débuts ont été plus compliqués. « Avant je me faisais arrêter quand je peignais en ville, ils avaient installé des caméras partout. », se remémore-t-il.
Une situation qui a pu changer grâce à un festival de Street Art organisé par l’ancien élu Paul Meyer. Pendant un mois, Dan23 a peint à une trentaine de lieux différents, notamment au quartier de la Gare, ce qui a suscité l’enthousiasme de ses habitants. Il a ensuite demandé l’autorisation de continuer un mois de plus, une requête qu’a acceptée la mairie. « Depuis, on ne m’a plus emmerdé », conclut l’artiste. Un statut qui lui a par exemple permis d’être approché par des écoles pour venir dessiner « Ces héros », qui représentent des icônes de Dan23, sur leurs murs.
Un trait engagé
Avec ce gain de popularité, ses créations ont changé. « J’étais peu revendicatif avant de pouvoir peindre en ville, je peignais des gens qui souriaient… Aujourd’hui je râle. ». À ce propos, il se décrit comme étant « l’inverse des artistes, qui adoucissent leur ton quand ils ont plus de visibilité. ». Dan23 a une cause qui lui tient fortement à cœur depuis trois ans : l’écologie. Il la définit même comme étant le summum de l’humanisme. « Quand tu prends soin des animaux et de la nature, forcément tu prendras soin des inégalités, des migrants, des SDF… », donne-t-il en guise d’illustration.
L’arrivée des écologistes à la tête de la mairie de Strasbourg lui inspirent un projet d’avenir. « J’aimerais pouvoir travailler en partenariat avec la mairie, que je puisse écrire sur des façades dans différents quartiers, mettre des informations frappantes sur le climat… », dévoile-t-il. Des messages qu’il espère transmettre aux enfants. L’artiste y croit, « les gamins vont changer la donne », et peuvent même déjà représenter un « bras de levier sur les parents ». « Ils sont plus lucide et ont plus de volonté que nous » ajoute-t-il. Il aura déjà amélioré la vie de certains d’entre eux. Les contributions récoltées par la fresque, au moins 12 000 euros, seront reversées à l’association Thémis, qui œuvre pour les droits des enfants.
Écoutez le moment fort de Dan23 ci dessous :
Un article de Thomas Bradford, édité par Sailesh Gya