Le célèbre créateur de mode, originaire de Strasbourg, est décédé à l’âge de 73 ans. L’évènement a été annoncé le 24 janvier. Il a particulièrement marqué la mode des années 80 par son travail et sa vision de la femme.
Le styliste s’est éteint d’une « mort naturelle » à Paris. C’est son agent Jean-Baptiste Rougeot qui l’a annoncé à l’Agence France-Presse, sur un post Facebook et Twitter. « C’est avec une profonde tristesse que la Maison Mugler annonce le décès de M. Manfred Thierry Mugler. », écrit-il alors. Né à Strasbourg en 1948, il s’installe à Paris dès ses 20 ans. Rapidement, il devient styliste indépendant pour de grandes maisons installées à Londres ou encore à Milan. Mais c’est en 1974 que sa propre marque Thierry Mugler voit le jour, un an après un premier essai appelé Café de Paris. Il enchainera depuis les projets, les défilés, et créera même des parfums comme la célèbre fragrance féminine Angel, sortie en 1992.
Une signature reconnaissable, de ses défilés à la « femme Mugler »
Thierry Mugler, c’est aussi du grand spectacle. Dès ses 14 ans, il fait partie du corps du ballet de l’Opéra national du Rhin, ce qui lui inspire un port de tête et une manière de défiler. Plus tard, il étudie les Arts décoratifs dans sa ville natale. « Ma mesure, c’est la démesure », disait-il. En 1984, devant une foule de 6000 personnes, des mannequins s’élancent vêtues des créations du styliste pour fêter les 10 ans de la marque. C’est la première présentation publique de mode en Europe, qui s’effectue au Zénith, en plein centre de la Villette, à Paris. Parures colorées, ailes ou même auréoles sont au rendez-vous. En 1994, le défilé prend place dans la salle de spectacle parisienne le Cirque d’Hiver. Il met en lumière des personnages iconiques tels que Naomi Campbell ou Tippi Hedren.
Et puis il y a sa manière d’habiller les top-modèles féminines. De larges épaulettes, une taille de guêpe, les hanches et le décolleté mis en valeur… La « femme Mugler » est reconnaissable entre mille et invite au fantasme. Le créateur signe également d’autres conceptions plus « décalées » : une femme insecte, robot, ou encore une tenue de cow-girl stylisée. Il apprête ainsi ses égéries du monde entier et les célébrités en vogue du moment, comme Kim Kardashian.
Une fin de carrière bien méritée
Bien que son influence persiste, cela faisait 20 ans que le Strasbourgeois s’était retiré du monde de la mode. Il continuait cependant à mettre en scène, notamment à travers les « Mugler Follies » où il revisitait à sa façon les cabarets et music-halls parisiens. A la fin de sa carrière en tant que styliste, il se penche sur lui-même et transforme son physique, grâce à la musculation ou la méditation. A la suite d’un accident de gymnastique, il a dû subir plusieurs opérations de chirurgie réparatrice. Une façon pour lui de se « réapproprier » son corps, comme ses mannequins s’appropriaient ses créations.
Lucie Robert