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Robert Walter, l’homme aux mille vies

Robert Walter est un personnage dont l’existence se lit comme un roman. Sa vie, marquée par des débuts difficiles, est une démonstration de résilience et d’audace.

« On n’avait rien, une seule chemise, une douche par semaine. C’était comme une prison ». Grandissant dans un quartier où violence et pauvreté régnaient, Robert Walter, 5 ans, et ses frères et sœurs furent retirés à leurs parents pour être placés dans un orphelinat en 1956. Pendant sept ans, il y subit une existence austère. Pourtant, à 12 ans, l’orphelinat lui propose une formation de boulanger, il refuse. « Je veux devenir prêtre »,rétorque-t-il. Il entame un cheminement qui le conduit à étudier la théologie, avant de bifurquer vers l’histoire.

De l’enseignant à l’aventurier du désert

Après une brève carrière de professeur d’histoire, il se lance dans une mission au ministère des Affaires étrangères en 1978. Sa première destination n’est autre que le Sahara algérien, où il enseigne le français pendant trois ans. « Le désert était beau, mais trop dur. J’avais besoin de nouveaux horizons », lance-t-il. Hambourg devient alors son terrain d’action en 1981. Il est responsable des échanges franco-allemands à l’ambassade française dans le Schleswig-Holstein et se lie d’amitié avec l’illustrateur alsacien Tomi Ungerer.

Promoteur de la culture française

En 1987, les deux amis organisent une semaine alsacienne à Hambourg, un événement rassemblant des centaines d’artistes, de politiques et d’économistes. Sa capacité à mobiliser les foules et les ressources le distinguent. Ses talents en communication le mènent à Madrid dans les années 1990, où il relance la langue française après la dictature franquiste. « C’était la Movida, un souffle de liberté incroyable », se souvient-il.

Une vie dédiée à la culture et à l’amitié

Rejoignant Tomi Ungerer à Strasbourg pour créer une fondation franco-allemande en 1992, Robert Walter abandonne sa carrière diplomatique. Mais les difficultés financières bouleversent ce projet. En 1996, il rebondit alors en devenant directeur de l’Institut français de Karlsruhe, un poste qu’il transforme en véritable plateforme culturelle. Grâce à son réseau, il rassemble des fonds privés et maintient une dynamique culturelle sans précédent.

« Ma vie m’appartient »

Homme de convictions et de passions, il n’a jamais caché son homosexualité. « J’ai toujours présenté mon compagnon, même si cela déplaisait. Ma vie m’appartient », souligne-t-il. Pour rendre service à un couple d’amies lesbiennes, il a fait don de ses spermatozoïdes pour qu’elles puissent avoir un enfant. Il est resté très proche de sa fille née en 1999. « J’ai été à son mariage l’été dernier, c’est toujours un immense bonheur de la revoir », confie-t-il.

La transmission, un nouveau chapitre

Aujourd’hui à la retraite, le septuagénaire continue d’organiser des conférences sur la vie de Tomi Ungerer un peu partout dans le monde. « Je veux montrer que tout est possible. Parti de rien, je suis devenu une personnalité, mais cette notoriété, je la mets au service des autres », indique-t-il. Trois livres sont en préparation, ses mémoires d’orphelin, un récit de ses années avec Tomi Ungerer et un guide sur son fameux « triangle d’or », mêlant culture, mécénat et médias.

Photo : Robert Walter lors d’une de ses visites à l’ambassade à Hambourg. (Crédit : Robert Walter)

Rémy Hufschmitt

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