Une importante journée de mobilisation des agriculteurs a eu lieu ce lundi 18 novembre, pour protester contre un accord de libre-échange avec le Mercosur. En Alsace, ce sont près de 300 tracteurs qui se sont rassemblés sur le pont de l’Europe, entre Strasbourg et Kehl. Ce mardi, le gouvernement a annoncé la proposition d’un débat au Parlement, suivi d’un vote sur l’accord.
Des centaines de tracteurs ont convergé vers le pont de l’Europe, en provenance du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et même d’Allemagne. Les agriculteurs allemands ne représentent qu’1% de la population active, mais le secteur agricole reste très présent dans le tissu économique, dans la production de machines agricoles mais aussi dans l’agro-alimentaire.
Après les taxes sur le carburant agricole (GNR) l’an dernier et l’instauration de la taxe poids-lourds le mois dernier, la perspective d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur a ravivé la colère du milieu agricole qui dénonce une concurrence étrangère déloyale. Cet accord concerne le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie. « On pourrait améliorer notre compétitivité de manière significative si on arrêtait de nous pondre des trucs comme ça », déplore Yohann Lecoustey.
Une concurrence déloyale
Les raisons de la colère sont multiples. Les agriculteurs dénoncent un excès de contraintes administratives, de faibles revenus liés à de mauvaises récoltes, des pertes liées à des maladies animales mais aussi, et surtout, la perspective de signature de cet accord. Ce dernier est pour le moment refusé par la France qui ne le « signerait pas en l’État », d’après Emmanuel Macron, le président de la République.
En dépit de l’opposition des acteurs agricoles français, la Commission européenne semble déterminée à signer l’accord. Il permettra notamment aux pays du Mercosur d’écouler plus de viande de bœuf, de viande de volaille, de maïs, de sucre et de miel en Europe, sans être soumis aux droits de douane. « La difficulté c’est que les produits qui arrivent sont à des prix plus bas que ce qu’on est capable de produire en Europe, on est donc concurrencé de manière déloyale », explique Yohann Lecoustey, directeur de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) du Bas-Rhin. Il explique que beaucoup de pratiques en Amérique du Sud sont interdites en Europe comme l’utilisation d’OGM ou de produits phytosanitaires. « Les règles et les tailles d’exploitation n’ont rien à voir », ajoute ce dernier. En effet, il faut compter une centaine de vaches sur une exploitation agricole française face à des milliers voire des dizaines de milliers en Amérique du Sud.
Le premier point d’un “triptyque”
“Pour nous il y a trois sujets. Ces accords de libre-échange, les contraintes réglementaires et la part de production française dans les segments de marché”, explique Yohann Lecoustey. Il ajoute que ces trois sujets sont “complémentaires” et “importants” mais que la fédération a souhaité les scinder en termes de manifestation.
Le syndicaliste explique qu’une autre manifestation se déroulera avant la fin de l’année, mais précise qu’elle n’impactera en aucun cas les fêtes de fin d’année, tant pour les consommateurs que pour la production des agriculteurs.