La question des accents est revenue au goût du jour avec la nomination du Premier ministre Jean Castex, moqué pour son accent chantant du Gers. Voilà un rapide panorama de quelques accents, à travers ceux ou celles qui le portent avec plaisir.
On me demandait de gommer mon accent
Audrey Martin (Vosges)
Sur son profil LinkedIn, Audrey Martin, 24 ans, est claire : « Glottophobes, passez votre chemin ». La jeune journaliste vosgienne a dû poser ses valises à Toulouse pendant quelques années pour ses études. Et elle s’est vite rendu compte que son accent dérangeait. Tout commence avec les moqueries « sympathiques » de ses camarades. « Ce n’était pas méchant ! On me demandait de répéter souvent, car j’utilisais des mots vosgiens », explique Audrey. Mais très vite, elle déchante et ne trouve plus ça marrant : « Ce n’était pas l’accent sexy du tout. Alors qu’à Toulouse, il est plutôt chantant ». Lors de son cursus de journaliste, elle est amenée à suivre des cours de radio et de télévision. Et très vite, on lui demande de gommer son accent, mais la jeune femme est claire, « gommer un truc en toi, ce n’est pas possible ».
Notre accent est le plus imité de France
David Grosclaude (Aquitaine)
Du « paing », un « peneu », les gens du Sud ne peuvent pas y échapper : un mot, un seul, et ils sont démasqués. Leur accent chantant très marqué est reconnaissable parmi toutes les prononciations régionales en France. Une particularité vocale qui se cultive et dont on est fier chez les Sudistes. Pourtant cet étendard phonétique leur joue des tours également. David Grosclaude, 62 ans, auteur du livre « Les mots et le bâton » n’est pas dupe. « Il y a une double perception : d’un côté l’accent du Sud évoque le côté sympa, rigolo, chaleureux que tout le monde adore, je pense que notre accent est le plus imité de France. Mais il y a une ambiguïté puisque dès qu’on se retrouve dans le monde du travail, le côté rigolo se transforme en pas sérieux. », souligne ce fervent défenseur de langue de Gascogne et de son accent.
Être bien chez soi, c’est vivre avec son accent
Fabienne Keller (Alsace)
Fabienne Keller, aujourd’hui élue députée européenne sur la liste de la République en marche, est très attachée à l’accent alsacien, et aux accents en général. « Pourquoi supprimer les accents, ils font la différence avec l’autre, et la différence est une richesse », assure-t-elle, en s’interrogeant sur le phénomène de glottophobie. « Un accent fait vivre une région, à l’échelle nationale comme européenne. Et être bien chez soi, c’est vivre avec son accent », explique l’ancienne maire de Strasbourg et ancienne sénatrice. « J’ai d’ailleurs toujours aimé les accents, ils représentent les couleurs de la France, et la diversité qu’on peut y trouver », affirme-t-elle.
De la bienveillance chez les Allemands
Catherine Rönnau (Allemagne)
En Allemagne, l’accent français est loin d’être mal vu. « C’est un accent qui plaît énormément ! », explique la directrice de l’Institut français de Kiel, Catherine Rönnau. S’il est rapidement reconnu, il ne représente pas un désavantage. « Il suscite de la bienveillance chez les Allemands », indique Catherine Rönnau. De nombreux Allemands apprennent la langue en tant que loisir. Pour la directrice de l’Institut, c’est parce que la culture est associée à la langue française. Passionnés au point de pouvoir déceler les accents régionaux ? Cela dépend selon Catherine Rönnau. « Tous reconnaissent l’alsacien » grâce aux tonalités ressemblantes. « Beaucoup reconnaissent aussi l’accent du Sud qui leur rappelle des vacances », ajoute-t-elle.
Un article écrit par l'équipe de Dockinfos