Ce mercredi 8 janvier, le cinéma Star Saint-Exupéry a accueilli le nouveau film Jouer avec le feu de Delphine et Muriel Coulin, adapté du roman de Laurent Petitmangin Ce qu’il faut de nuit, pour l’avant-première strasbourgeoise en présence de l’équipe du film.
C’est un nouveau rôle pour Vincent Lindon en père engagé. Ce mercredi 8 janvier, l’équipe du film Jouer avec le feu a posé ses bagages à Strasbourg pour une avant-première. Pour l’occasion, les acteurs Vincent Lindon et Stefan Crépon, ainsi que les réalisatrices Delphine et Muriel Coulin, se sont rendus au cinéma Star Saint-Exupéry.
Un film qui est dans l’air du temps puisque Jouer avec le feu met en scène Vincent Lindon dans le rôle de Pierre qui élève seul ses deux fils. Louis, interprété par Stefan Crépon, le cadet, réussit ses études et avance facilement dans la vie. Fus, l’ainé et incarné par Benjamin Voisin, part à la dérive. Fasciné par la violence et les rapports de force, il se rapproche de groupes d’extrême-droite, à l’opposé des valeurs de son père. Pierre assiste impuissant à l’emprise de ces fréquentations sur son fils. Peu à peu, l’amour cède place à l’incompréhension.
« Notre film est politique »
Le personnage de Fus n’est visiblement pas qu’une fiction. Pour Stefan Crépon, acteur et interprète du personnage de Louis, Jouer avec le feu, est un film dans l’ère du temps. « Quand j’ai reçu le scénario et que je l’ai lu donc c’était il y a bientôt deux ans et quand on l’a tourné il y a un an et demi, il était déjà contemporain et très actuel. Et chaque jour, il le devient un peu et c’est ça qui est paniquant », dit-il. Un avis partagé par Vincent Lindon, acteur principal du film : « J’ai le même sens politique que les réalisatrices. C’est un film qui m’étonne tous les jours, qui me questionne, qui m’interpelle. Il a plus d’effets que je pensais », explique l’acteur qui a été récompensé au Mostra de Venise pour la meilleure interprétation masculine dans son rôle dans Jouer avec le feu.
« On a vu des gens autour de nous et notre pays se déplaçait progressivement vers l’extrême droite et ça nous a un peu affolait »
Delphine Coulin, réalisatrice de Jouer avec le feu
La montée de l’extrême droite en France a alors incité les réalisatrices à écrire un film sur le phénomène. « On était préoccupée par le contexte général politique. On avait l’impression que la démocratie était en danger. Donc on cherchait à écrire un film qui soit sur cette actualité-là et en même temps, on cherchait une histoire de famille. Et puis, un ami nous a fait lire le livre de Laurent Petitmangin Ce qu’il faut de nuit et là on avait tout finalement », explique Delphine Coulin. D’autre part, Muriel Coulin ajoute: « On commence à le projeter dans d’autres pays et aux États-Unis, un père nous a dit qu’ils ne savaient plus quoi faire de son fils qui a voté Trump. Donc oui, notre film est politique».
Selon les réalisatrices, un long travail a été fait pour comprendre comment des personnes en arrivent à cette situation. « On a beaucoup étudié tous les mécanismes qui font qu’un moment quelqu’un prend une voie extrême religieuse ou politique. Il y a toujours les mêmes mécanismes : d’abord un schéma familial perturbé, ensuite une humiliation de la part d’un proche ou d’amis et enfin une rencontre », précise Muriel Coulin. Montrer ce phénomène du point de vue d’un père est alors indispensable pour les réalisatrices du film Jouer avec le feu : « Tout est vue du point du vue du père et c’est vraiment ça qui nous intéressait. Je m’identifie plus à quelqu’un qui assiste à la radicalisation vers l’extrême droite autour de lui, donc au père qu’au fils parce que je n’ai jamais dérivé vers l’extrême droite », explique Delphine Coulin.
Le Grand-Est, « une terre de résistance » ?
Chaque année, la région Grand-Est finance des films et des productions, dont Jouer avec le feu, qui a été tourné en Lorraine, une forme de résistance pour l’acteur Stefan Crépon. « Le Grand-Est est une région qui soutient énormément la culture, ce qui représente un acte de résistance aujourd’hui, quand on voit ce que l’extrême-droite veut faire avec la culture. Et c’est également une bonne raison de tourner dans l’Est », souligne l’acteur, avec fierté. Un avis que partage l’une des réalisatrices : « Il y a une réplique que je retiens dans le film, c’est quand Vincent Lindon dit à son fils : On a été Allemand, on a été Français mais ça veut bien dire que ce sont des étiquettes. Et j’aime beaucoup cette phrase, car c’est vrai que dans cette région, il y a des choses qui se sont passées qui sont encore plus flagrantes qu’ailleurs », déclare Muriel Coulin.
Le film Jouer avec le feu de Delphine et Muriel Coulin sortira le 22 janvier, partout en France.
Félicia Dassonville