Le 31 janvier dernier, le conseil municipal a adopté à l’unanimité le troisième Plan d’action droits des femmes et égalité de genre de la Ville de Strasbourg. Etendu sur la période 2022-2024, ce nouveau programme a pour but de promouvoir les droits des femmes et l’égalité des genres.
« La force, ici à Strasbourg, c’est d’avoir réussi à travailler et établir une relation de confiance avec les associations au sein d’une commission plénière. On est en lien fréquent avec elles », souligne Christelle Wieder, adjointe à la mairie en charge des droits des femmes et égalité des genres, lors d’un entretien téléphonique. Le nouveau plan d’action permet à la Ville de Strasbourg de poursuivre un travail de longue haleine. L’une des initiatives les plus marquantes de ces dix dernières années est l’organisation annuelle d’un colloque contre les violences faites aux femmes. Cette journée, entièrement consacrée à ce sujet, réunit environ 1000 personnes, faisant de ce rendez-vous féministe le plus important de France.
Entre aide aux victimes et égalité professionnelle
Ce troisième plan s’articule autour de trois objectifs majeurs, déclinés en 53 fiches-actions. Parmi les mesures proposées, la plus forte, emblématique, est la création de 74 places d’hébergements destinées aux femmes victimes de violences, le tout pour un montant d’environ 1,2 million d’euros par an. « C’est une mesure forte, qui mobilise beaucoup de budget. Et du point de vue des associations, c’est une bouffée d’oxygène qui permet à des femmes d’accéder plus vite à une mise à l’abri, alors qu’en temps normal, elles doivent attendre jusqu’à six mois pour se voir proposer une solution », détaille Christelle Wieder. Si l’administration de la collectivité de l’Eurométropole a fait de l’égalité professionnelle son objectif numéro un, un grand travail reste à mener pour se rapprocher d’une véritable équité salariale, des carrières et des responsabilités. « Ça me paraît être un peu utopique d’imaginer qu’à la fin du mandat, on sera arrivé à une égalité parfaite. Donc ce qui me tient à cœur, c’est de transformer les façons d’aborder les politiques culturelles, sportives et diplomatiques en faisant en sorte que ce prisme de l’égalité prévale à toute décision », estime l’élue.
Une restructuration des revenus et des dépenses pour une meilleure égalité
La « budgétisation sensible au genre » est l’une des thématiques primordiales de ce plan d’action. Mis sur la table depuis l’année dernière, le projet devrait prendre une ampleur importante à partir de 2023 : la ville de Strasbourg a été sélectionnée, tout comme le Portugal, la Roumanie, la Grèce et Berlin afin d’obtenir un appui de la Commission européenne pour développer cette initiative. Aujourd’hui, seulement 20% des subventions publiques dédiées aux arts et à la culture vont à des femmes, comme l’indique le rapport HCE « Inégalité entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture ». « J’aimerais veiller à ce que cet argent public aille aussi bien favoriser l’insertion professionnelle, la santé, la vie sportive et la création artistique des femmes que celle des hommes », explique Christelle Wieder. Plusieurs évènements sont encore programmés jusqu’à la fin du mois pour mettre en avant ce nouveau programme.
Campagne contre les atteintes sexistes et sexuelles de la CTS
« Notre ligne directrice est de faire en sorte que l’espace public soit mieux partagé, qu’il y ait une lutte contre le harcèlement sexiste et sexuel de rue », ajoute Christelle Wieder. La récente campagne de la CTS contre les comportements inadaptés sur ses lignes a d’ailleurs été élaborée en étroite collaboration avec l’Eurométropole de Strasbourg. Les conducteurs, qui auront eu des formations approfondies afin de savoir réagir et prendre en main ces situations délicates, deviennent des maillons de la chaîne de lutte contre les violences faites aux femmes. « Tout ce qu’on va faire ne sera pas forcément visible du grand public, mais va quand même faire en sorte que les questions d’égalité irriguent toutes les politiques publiques », conclut-elle.