Tous les soirs, Strasbourg pollue le ciel avec toutes ses lumières. En cela, elle ne fait nullement figure d’exception. Comme dans toutes les grandes villes, les spots lumineux empêchent d’observer les étoiles. Spécialistes et amateurs font de leur mieux pour trouver des solutions.
Le fond du ciel n’est pas noir, il est remplacé par une lumière diffuse, jaunâtre qui empêche l’observation de la voie lactée : c’est la pollution lumineuse. Une solution existe néanmoins pour avoir accès à ce spectacle. Se rendre à la campagne pour admirer les étoiles puisque la concentration de lumières nocturnes y est moins importante. Les observatoires se trouvent en général en dehors des villes pour cette raison. Pourtant, celui de Strasbourg fait figure d’exception à ce niveau car il se trouve intra-muros. Symbole de puissance à la fin du XIXe siècle, il a en effet été placé au coeur de la Neustadt. Mais les astronomes ne sont pas les seuls à être confrontés à la problématique de la pollution lumineuse.
Un problème qui touche tout le monde
“La question de la pollution lumineuse ne touche maintenant pas seulement les astronomes professionnels, c’est aussi pour tous les citoyens, fait remarquer Pierre-Alain Duc, le directeur de l’Observatoire astronomique de Strasbourg. C’est-à-dire que nous (les astronomes ndlr), nous avons accès à des gros instruments, donc en allant dans des sites éloignés nous allons pouvoir nous affranchir du problème de la pollution lumineuse. Le citoyen qui veut voir par exemple notre voie lactée a de moins en moins d’endroit pour pouvoir le faire”.
La pollution lumineuse a aussi un coût énergétique important. Elle dérègle également la biodiversité nocturne avec les espèces animales et végétales qui vont avec. Ainsi, il n’est pas seulement question d’étoiles, mais aussi d’équilibre naturel.
“(…) Faire en sorte que les gens regardent à nouveau les étoiles”
Pour les amateurs et adeptes de l’espace, une boutique éphémère, nommé “Enastros”, vient d’ouvrir au centre-ville. Alternative pour pouvoir toucher du doigt les étoiles, le magasin propose tous types d’objets en rapport avec le cosmos.
“J’essaye de faire en sorte que les gens regardent à nouveau les étoiles, indique Alexandra Herrgott, gérante de la boutique Dans les grandes villes, c’est compliqué d’observer. Paris est vraiment un cas à part, en dehors de Vénus je n’ai jamais rien vu. A Strasbourg, je fais quand même quelques petites observations, j’arrive à voir au-delà des constellations des galaxies, des nébuleuses, des amas globulaires, des amas ouverts”.
Instruments d’observation, bijoux, jouets, accessoires, livres et même une barbie astronome, tout est aux couleurs de l’espace. Des stages, des cours et des animations sont accessibles au cours de l’année. Sourire aux lèvres et en passionnée pédagogue, Alexandra est allée jusqu’à produire avec un collègue une immersion en réalité virtuelle pour planer dans les étoiles. Ce programme est proposé en magasin et certaines écoles l’utilisent pour faire apprendre aux jeunes de manière ludique.
Jean-Eric Mauriès