Un couple d’Alsaciens tente le pari de rapprocher le Haut-Rhin et l’Hérault. Avec son food truck de tartes flambées, les deux départements se retrouvent à la même table.
Grâce au food truck « Au rendez-vous d’Alsace », il est possible d’entendre de l’alsacien au milieu des cigales. Corine Legrand et Stéphane Marbach, deux Haut-Rhinois de Neuf-Brisach, se sont lancés dans la vente de tartes flambées en février dernier. L’objectif derrière la venue du couple dans le sud de la France n’était cependant pas là. « On voulait venir vivre ici mais en gardant nos métiers respectifs, car on a un enfant à charge et on ne pouvait pas se permettre de tout plaquer », déclare Corine. La semaine, elle travaille dans un laboratoire de photographie, et lui est carreleur à son compte.
Arrivés en 2018 en périphérie de Montpellier, les deux quarantenaires étaient loin de s’imaginer sillonner les villages pour vendre l’une des icônes gastronomiques de l’Alsace. Lors d’une fête des voisins, ils ont sorti leur four à tarte flambée. Un beau succès qui les a encouragés à se lancer. Malgré une ouverture en février sur fond de coronavirus, les clients ont été rapidement au rendez-vous. « On aime beaucoup et ce n’est pas quelque chose qu’on a l’habitude de manger. Puis pendant le confinement, ça nous permettait de voir un peu de monde. », souligne Mathieu, l’un des clients réguliers.
La Flammekueche du soleil
Après un prêt de la banque et un apport de leur famille, le couple a acheté un camion d’occasion. Pour que le charme opère, il a fallu lui donner une allure digne des Winstub alsaciens. « On a décoré le camion avec les éléments de l’Alsace, on a fait la demande auprès du dessinateur de Jeannala et Seappala pour les afficher et pour le logo on a demandé à Fanny Bonenfant une alsacienne de Widensolen d’utiliser la cigogne qu’elle a dessinée. », explique Stéphane. Pour ce qui est du goût, les deux Alsaciens travaillent avec des produits frais. Les ingrédients essentiels de la tarte flambée, tels que la pâte et la crème, proviennent directement d’un producteur bas-rhinois. Afin de ravir les papilles des sudistes, le couple a néanmoins dû adapter sa carte.
« Au niveau des commandes, il y a de tout. Certains se laissent tenter par l’originalité et se dirigent vers la classique ou la gratinée. D’autres préfèrent retrouver les goûts du Sud, ils se tournent donc vers les spéciales, comme la chorizo ou la roquefort. », constate Corine. Seul bémol, l’environnement empêche les Alsaciens de cuire les tartes flambées au feu de bois. Étant dans une région à risque d’incendie, ils ont dû se tourner vers un four à gaz. Un détail qui fait les différences pour les puristes.
En pleine conquête
Si pour l’instant, le couple enfile le tablier et se met aux fourneaux uniquement les week-ends ou lors de manifestations, ils ont pour ambition de vivre de cette activité. Un objectif compliqué avec l’arrivée de la pandémie du coronavirus. Le couple, qui misait en partie sur certains événements comme les fêtes votives, a dû se contenter jusqu’à présent de leur emplacement hebdomadaire dans les villages, manifestations annulées obligent. Malgré ça, ils ne se sont pas laissé décourager et comptent bien se rattraper dans les semaines à venir. « Début août, nous serons aux portes ouvertes d’un Mas (ndlr : grande propriété de Provence), qui devraient accueillir entre 1000 et 1500 personnes. », annonce Stéphane.
Les deux Alsaciens espèrent gagner du terrain dans d’autres villages de l’Hérault, mais aussi au plus près des plages. Cependant, ils se heurtent aux municipalités qui, par souci de ne pas vouloir faire de concurrence à leurs commerçants ou par manque d’emplacement, ne peuvent les accueillir. Le couple se laisse une à deux années pour voir si leur food truck peut se pérenniser. Pour l’heure, Corine et Stéphane ont convaincu les habitants des villages là où leur camion s’est implanté.
Comme nous le confirment ces deux clients de Saussines :
Un article d'Antoine Baret édité par Sailesh Gya.