Alors que la loi PACTE votée en septembre 2017 prévoyait la mise en place des soldes à quatre semaines pour les soldes d’hiver 2019, elle n’entrera en vigueur qu’à partir de 2020. La campagne des soldes d’hiver 2019 a débuté aujourd’hui. Mais contrairement à ce qui avait été annoncé par le ministère de l’Économie, les soldes 2019 ne seront pas les premiers sous la forme de quatre semaines. Les commerçants devront appliquer les soldes jusqu’au 19 février prochain, soit une période de six semaines. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, avait pourtant déclaré que « trop de soldes tuent les soldes. Ce n’est bon ni pour les commerçants, ni pour les consommateurs». Les soldes d’une durée de quatre semaines seront a priori repoussés à l’année prochaine. Ce n’est pas la première fois que les soldes voient leur durée changer. Jusqu’au 1er janvier 2015 les soldes ne duraient que cinq semaines. Une période cruciale Les soldes hivernales représentent chaque année un moment important pour les commerçants. En moyenne, c’est 20% de leur chiffre d’affaires annuel selon le ministère des Finances. Mais cette année la pression est double pour les commerçants puisqu’en plus de réussir leur période de soldes, ils doivent rattraper un mois de décembre très compliqué dû aux manifestations des « gilets jaunes » qui ont agité les huit derniers samedis. D’après la Fédération de commerce de détail (FCD), le mouvement « gilets jaunes » a engendré une perte de deux milliards d’euros pour l’ensemble des commerçants sur la période novembre-décembre. Pour les plus petits d’entre eux, faire une bonne période de soldes est une question de survie. Pour les commerçants alsaciens proches des Vosges, de la Meurthe-et-Moselle, et de la Moselle, la situation est encore plus compliquée. Dans ces départements, les soldes ont déjà démarré la semaine dernière. C’est le cas de Corinne, commerçante de textile indépendante à Schirmeck. Pour faire face à la concurrence vosgienne, la Bas-Rhinoise a trouvé une parade. « On est obligé d’attirer et de garder les clients ici avec les ventes privées.» L'e-commerce, la vrai concurrence Depuis une dizaine d’années, le cadre légal des promotions est de plus en plus flou. Le passage des soldes à quatre semaines est censé redynamiser cette action commerciale saisonnière selon le gouvernement. Mais au vu des résultats des soldes des dernières années, et notamment des soldes hivernales, cela suffira-t-il ? Les deux dernières périodes de soldes hivernales ont en effet connu des bilans décevants. Selon la Fédération du commerce spécialisé, ces adhérents ont connu des pertes de 3,5% en moyenne en janvier 2018 et 6,2% pour la campagne 2017. Mais ces chiffres sont à nuancer. Même s’ils se révèlent vrais pour le commerce physique, ils ne le sont pas pour le commerce sur internet. Une tendance qui va s'accentuer d’après la fédération du e-commerce et de la vente à distance (la Fevad) : 37 millions de Français ont dépensé plus de 80 milliards d’euros en ligne en 2017. Et ce n'est pas fini : selon le panel Webloyalty, qui compte 30 site de commerces en ligne (billeterie, modes, voyages), un achat sur trois, en période de soldes, a été effectué sur mobile l’année dernière. Antoine Baret