Depuis maintenant plus de dix ans, l’affaire de la maison éclusière est au point mort. Cette bâtisse, construite au début du XXème siècle, a suscité l’émotion des riverains et des associations de quartier. Menacée de destruction en 2010 et visiblement squattée depuis, la demeure appartient au port autonome de Strasbourg. Elle est aujourd’hui protégée par le Plan Local d’Urbanisme.
Squatteurs de passage, vandalisme et détérioration… La situation de la maison éclusière située au 15 rue de Dunkerque à Strasbourg est alarmante. Ce patrimoine maritime strasbourgeois est abandonné depuis plus d’une dizaine d’années. Plusieurs associations comme l’ADIQ (Association de Défense des Intérêts des Quartiers centre-est de Strasbourg) ont décidé de défendre cette bâtisse en mettant en avant son intérêt historique et l’importance de sa réhabilitation.
La présidence de l’association a souvent dénoncé un manque d’intérêt du port pour ce cas, mais sa posture serait en train d’évoluer : « Je pense qu’on a une position qui est un peu changeante, parce qu’on est aussi sur une période de mutation de la zone portuaire de Strasbourg qui est une zone qui s’est construite historiquement en dehors de la ville.» explique Paul Euvrard, le directeur adjoint de la valorisation du domaine du port de Strasbourg. Avec l’évolution de la ville et sa transformation, le port se retrouve, aujourd’hui, au cœur d’enjeux urbains. Ce qui était initialement une zone industrielle éloignée des habitations s’en rapproche de plus en plus : «On a aujourd’hui une confrontation entre la partie ville, tout ce qu’elle comporte et cette réalité portuaire. Je pense que cette maison-là peut cristalliser justement ces tensions.» explique Paul Euvrard.
Des tensions qui ne s’apaisent pas, même depuis que la maison est sous la protection du Plan Local d’Urbanisme.
Un plan local d’urbanisme qui complexifie la réhabilitation
Petit rappel : quand un permis de destruction a été mis en place pour la demeure du 15 rue de Dunkerque, il y a une dizaine d’années, les associations sont rapidement montées aux créneaux. Pour Paul Euvrard, cette action a permis au port de prendre conscience de la valeur patrimoniale de son domaine, au-delà de son utilité. Protégé par le Plan Local d’Urbanisme, aujourd’hui, la maison ne peut plus être menacée de destruction, mais cette même réglementation limite les possibilités de réhabilitation. Selon le PLU mis en place depuis 2016, les seules activités possibles pour retrouver une utilité à cette maison doivent être liées à l’industrie, au commerce ou à la production d’énergie. La difficulté est de trouver un projet qui respecte l’enveloppe tout en ne déformant pas l’usage initial de la demeure : « Il y a une espèce de contradiction intrinsèque dans le PLU, mais ça fait partie de la vie de l’urbanisme. Effectivement, il y a un enjeu patrimonial, mais il y a aussi un enjeu à ce que la zone reste une zone industrielle. » explique Paul Euvrard. Résultat : difficile de transformer ce lieu en habitations ou en bureaux en plein milieu d’une friche industrielle.
Plusieurs projets de réhabilitation ont été proposés par les associations en charge du dossier. En 2020, un projet de logistique urbaine a été proposé par les propriétaires des bâtiments adjacents pour incorporer la maison à leur développement et en faire une partie bureau. Si le conseil d’administration du Port Autonome de Strasbourg a validé le projet, rien n’a été signé pour le moment.