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Les problèmes de la géothermie en Alsace

Entre dégâts des sols et défi de durabilité, la géothermie profonde en Alsace n’a pas la cote. À Strasbourg, se chauffer grâce à notre planète pourrait causer plus de mal que de bien.

Creuser des petits trous, comme dirait Gainsbourg, c’est ce qu’on fait de mieux en Alsace. Depuis le forage du site expérimental de Soultz-sous-Forêts en 1987, les centrales de géothermie profonde à haute température ont fleuri dans la région. Le fossé d’effondrement alsacien est une aubaine aux yeux des sociétés comme Fonroche ou Électricité de Strasbourg (ES).  Un moyen de produire de l’énergie sans impacter l’environnement paraît être une bonne idée, mais les diverses associations anti-géothermie de l’Eurométropole ont découvert qu’il y avait anguille sous roche.

La méthode Hot Dry Rock
La méthode géothermique exploitable la plus utilisée est le Hot Dry Rock (“roches chaudes sèches” en anglais). On injecte de l’eau froide dans une faille naturelle en profondeur via un premier tuyau après forage afin de créer un choc thermique par rapport à la haute température des pierres . Les roches se fracturent par la suite et permettent de laisser passer l’eau qu’on envoie depuis la surface pour qu’elle se chauffe au contact de ces dernières. Un second tuyau va récupérer depuis un point plus éloigné dans la faille cette eau en surface dans le réseau de chaleur de la ville, puis sera renvoyé en profondeur après avoir fait le tour de celui-ci. Elle peut aussi produire de l’électricité grâce à des turbines.

Exploitation des failles

L’impact sur les sols est indéniable. “En forant, en créant un réseau de fractures, en envoyant et en ramenant cette eau, on peut possiblement générer des séismes, même imperceptibles, tout le long de ces failles de stimulation.”, explique Jérôme Vergne, sismologue. Le réseau de failles géologiques alsacien est interconnecté : un problème sur une portion de brèche exploité peut affecter toutes les autres. Le site de Vendenheim fait pour l’instant un suspect idéal concernant les séismes induits (d’origine humaine) du 12 et 13 novembre dernier bien qu’on attend encore des bilans sismologiques à venir ce mois-ci. 34 séismes ont été enregistrés en 2018 contre 120 en 2019 où la plupart des opérations d’injection ont eu lieu.

Une énergie inutile ?

La chaleur des sols alsaciens, contrairement à des régions volcaniques comme en Islande ou en Nouvelle-Zélande, n’est pas due au magma en profondeur. C’est la désintégration des particules nucléaires enfouies qui ont chauffé la terre durant des centaines d’années. “Au bout d’un certain temps, la température ne sera plus la même, dénonce Jacques Reis, professeur de neurologie environnementale. Ce n’est pas une ressource inépuisable : on exploite toute la chaleur d’un site au bout d’une trentaine d’années.”. L’énergie, en plus de ne pas être entièrement renouvelable, souffre d’un mauvais profit. “Ces forages ne sont absolument pas rentables : on évalue entre 10 et 15% le rendement des turbines.”, souligne Thierry Mosser, membre du collectif Géothermie Eckbolsheim Non Merci. Strasbourg cherche à creuser son indépendance énergétique, mais le faire sous nos pieds ne semble pas être une bonne idée.

Sofiane AIT IKHLEF

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