Le directeur du campus MediaSchool de Strasbourg est décédé jeudi 16 juillet, à Strasbourg.
Entouré par sa famille, Luc Buckenmeyer s’est paisiblement éteint ce jeudi 16 juillet au petit matin, à l’âge de 58 ans, après un âpre combat contre le cancer. Directeur du groupe MediaSchool à Strasbourg, l’homme aux multiples talents avait décidé de se consacrer à l’enseignement depuis neuf ans. Sa bienveillance et son sens de l’écoute ont été mis au service de plusieurs promotions d’étudiants engagés dans les métiers de la communication et du journalisme.
Face à son bureau qui donnait sur l’Ill, la photo de Frank Zappa le regardait, l’œil malicieux. Ceux ou celles qui reconnaissaient le guitariste inclassable gagnaient aussitôt sa sympathie. « Qu’est-ce qu’il aurait fait à ma place ? », voilà ce que Luc Buckenmeyer pensait en le regardant. Une manière de choisir la voie la plus libre et originale en toutes circonstances. Une attitude aussi, qui lui a permis de vivre son époque dans ce qu’elle lui offrait de plus exaltant.
À l’âge d’or de la pub
Né à Sélestat, il prend rapidement le chemin de Strasbourg pour ses études supérieures en marketing à l’IECS (ex-École de Management de Strasbourg). Encore étudiant, il se lance dans plusieurs activités qui lui assurent son indépendance financière. Un pari gagnant qui le conduit à vendre des abonnements de presse. À partir de 1985, neuf ans passent à l’agence Reymann Communication, à l’âge d’or de la publicité. C’est aussi l’heure du minitel. Pour l’enseigne Cora, il échafaude « 3615 Cora », le premier service de livraison à domicile d’un supermarché.
À nouveau, il songe à son indépendance et fonde avec deux associés, Luc Knittel et Vincent Nebois, l’agence de communication « BKN » à Strasbourg en 1995. Il ajoute une nouvelle corde à son arc en publiant, entre autres, deux magazines culturels « Poly » et « Repères » (aujourd’hui Wik) encore distribués gratuitement. « Je lisais le magazine Poly du début à la fin pour qu’il n’y ait aucune faute, c’était une hantise », confiait-il.
« Il était le directeur du campus, mais aussi un intervenant comme nous. Il aimait transmettre sa passion pour ses découvertes de romans, de pièces de théâtre, et surtout en musique. »
Willy Aboulicam, un intervenant.
Ce souci du détail, ce travail consciencieux et patient se retrouvent quelques années plus tard, en mars 2011. Son amitié avec Anne Pflimlin, co-fondatrice du groupe MediaSchool avec Franck Papazian, lui ouvre enfin les portes de l’enseignement.
« Un passeur »
À la tête de l’ECS (European Communication School), il développe l’IEJ, une école de journalisme, SUPDEWEB Strasbourg, une École Supérieure des Métiers du Digital et enfin, IRIS (École d’informatique). Pour accueillir près de 320 étudiants, le groupe MediaSchool, qui prenait ses quartiers rue du Jeu des Enfants, s’installe en 2014 sur la presqu’île Malraux. « Après la première année dans les nouveaux locaux, à la fin des cours, je me suis couché… Et me suis réveillé un jour après », racontait-il en riant.
« Il était le directeur du campus, mais aussi un intervenant comme nous, se souvient Willy Aboulicam, qui enseignait la PAO aux étudiants. Il aimait transmettre sa passion pour ses découvertes de romans, de pièces de théâtre, et surtout en musique ».
« Il était là, humain, généreux, toujours prêt à rire et dans un souci constant de faire au mieux, préférant l’enthousiasme de les aider à évoluer et la complicité plutôt que le strict rôle de directeur. »
Jacques Rigaud, responsable de l’Institut européen de journalisme (IEJ Strasbourg).
Avec les étudiants, sa bienveillance ne s’accompagnait pas de paternalisme. « Il était là, humain, généreux, toujours prêt à rire et dans un souci constant de faire au mieux, préférant l’enthousiasme de les aider à évoluer et la complicité plutôt que le strict rôle de directeur », souligne Jacques Rigaud, responsable de l’Institut européen de journalisme (IEJ Strasbourg).
L’Italie, paradis rêvé
Ces derniers temps, il avait découvert avec son épouse Véronique, l’amour d’une vie, un coin de paradis en Italie, où vivre des vacances heureuses avec leurs trois enfants. Un point de chute au bord d’un lac, proche d’une forêt. Une maison pour se reposer et rêver. Il s’était mis à l’italien. Il arpentait les musées. Son œil bleu s’attardait sur les chefs-d’œuvre antiques. Il flânait, serein. Toujours avec cette même envie de vivre le moment présent.