Dans beaucoup de domaines, l’Allemagne est citée comme un pays précurseur. Mais c’est grâce à sa transition écologique ambitieuse qu’elle se démarque le plus. Au tableau des villes les plus “durables” au monde, beaucoup sont des métropoles germaniques selon l’étude élaborée par la société de conseil et de gestion Arcadis. Frankfurt arrive en sixième position, quand Paris peine à se hisser à la 15ème place du classement. Peut-on parler d’une réelle différence de niveau sur le plan écologique entre les deux leaders européens ?
Les innovations écologiques en Allemagne se multiplient. Une tendance qui ne date pas d’hier. Depuis les années 90, le pays innove dans le domaine en proposant des projets qui n’ont pas souvent été vus ailleurs. Une des places mythiques de la capitale allemande, la Potsdamer Platz a été entièrement reconstruite après la guerre avec des matériaux choisis pour leurs faibles consommations d’énergie. Sur les toits de 19 immeubles autour de cet endroit, un système de récupération des eaux de pluie a été mis en place, une réelle innovation pour l’époque.
Avec une qualité de l’air supérieure à la moyenne des autres pays européens, Berlin veut continuer d’avancer dans sa transition écologique. D’ici 2030, la mairie espère que la moitié des véhicules qui circuleront dans la ville seront alimentés à base d’énergies renouvelables.
Pour beaucoup de Franco-allemands, la différence se trouve aussi directement entre les citoyens : «En Allemagne, toutes les familles, ou presque, ont un compost. Les poubelles de tri sont beaucoup plus récurrentes dans la rue. De manière générale, j’ai l’impression que les Allemands sont plus sensibilisés à l’écologie que les Français.» explique Valentina, étudiante franco-allemande de 20 ans. Si certains citoyens qui résident en France voient l’Allemagne comme un modèle, ce n’est pas forcément le cas des locaux qui vivent au quotidien dans leur pays. Entre ressentis ou réels arguments, compliqué de se situer.
Une comparaison moins facile qu’il n’y paraît
Les avis divergent entre les deux pays frontaliers. Les Allemands qui vivent en France ont tendance à placer leur patrie d’origine comme l’un des pays les plus innovateurs d’Europe en matière d’écologie et de transition responsable. Pourtant ce n’est pas forcément ce que montrent les chiffres. Au niveau des émissions de CO², c’est la France qui est le plus responsable avec 200 000 tonnes de CO² pour chaque milliard d’euros de PIB généré, contre 300 000 pour les Allemands. Pour les déchets, contrairement aux idées reçues, c’est encore une fois la France qui gagne. Un Français génère 530 kilogrammes de déchets par an contre 617 pour un Allemand.
La France n’est donc peut-être pas une mauvaise élève en matière d’écologie. Cependant, la communication autour est plus faible qu’en Allemagne, ce qui explique cette impression de fossé entre les deux pays : «Mes amis en France pensent toujours qu’ici (en Allemagne) on fait beaucoup plus attention au tri que chez eux, ou bien que notre gouvernement investit beaucoup plus que le leur. Oui, en Allemagne il existe des choses comme les consignes sur les bouteilles par exemple qui sont particulièrement mises en avant, mais ce n’est pas cette simple action qui peut créer une réelle différence.» explique Suzanne, 42 ans, Berlinoise.
Loin d’être dans une compétition, les deux villes ont choisi deux manières différentes d’aborder leur transition écologique. Si l’Allemagne s’est intéressé plus tôt à la protection de l’environnement, la France rattrape peu à peu son retard.
Marie Sprauer