C’est bientôt la fin du « janvier sobre ». Pendant un mois, pas une goutte d’alcool. Cette tradition anglo-saxonne n’a pas eu le succès espéré dans l’Hexagone malgré les avantages évidents. Mais la population française ne semble pas réceptive au message de prévention.
La France boit trop. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la France est sur le podium des plus mauvais élèves concernant la consommation d’alcool. Selon le panorama santé 2019 de l’organisation, le pays du vin consomme 11,7 litres d’alcool pur par an et par habitant. En comparaison, la moyenne des pays de l’OCDE se situe autour des 9 litres d’alcool. L’organisation rappelle que « plus de 75 000 personnes sont décédées en France en 2015 de causes de mortalité évitables comme des causes imputables à l’alcool ».
Le Grand Est, terre de tradition
La région Grand Est n’est pas en reste sur sa consommation de spiritueux. Selon le bulletin santé publique 2020 du Grand Est, 55,2% des 18-30 ans consomment de l’alcool dans le mois, 25,7% en consomment plusieurs fois par semaine et 4,2% d’entre eux en consomment chaque jour. Aucune différence significative existe avec le reste du pays. Cependant, les hommes ont une fréquence de consommation plus importante que les femmes : 15,3% des hommes de la région Grand Est boivent chaque jour contre seulement 5,6% des femmes.
«Ma consommation d’alcool a vraiment eu un impact négatif sur ma santé et ma vie en général. Je buvais avec mes amis chaque soir. C’était comme une habitude. C’est surtout au niveau des cours que l’impact s’est le plus fait sentir, j’ai failli rater mon année» s’exclame Mathieu, étudiant en master 2 MSI qui s’est essayé au mois sans alcool pour réussir ses partiels.
L’alcoolisation à outrance
Outre la simple consommation journalière, c’est surtout l’alcoolisation ponctuelle importante ou API (6 verres ou plus en une seule occasion) qui s’impose dans le Grand Est. Les jeunes du Grand Est sont 50% à avoir connu une API au cours de l’année, dont 26% au moins une fois par mois et 7,5% au moins une fois par semaine. Pour le reste du pays, ils sont 35% à avoir connu une API dans l’année.
Dans le milieu universitaire, les associations s’organisent pour lutter contre la consommation excessive. L’amicale des Sciences, qui auto-gère une cafétéria au campus universitaire de l’Esplanade, le sait bien: «On a dû mettre en place des dispositifs avec les différents syndicats étudiants pour contrer les problèmes de consommation d’alcool, des stages de prévention et des limites quant à la vente» explique Tom, le vice-président de l’amicale. Des dispositifs qui ont porté leurs fruits, puisqu’il l’assure, la consommation a déjà baissé à la cafétéria.
Pourtant la culture de l’alcool chez les étudiants a encore de beaux jours devant elle. Le week-end dernier une soirée intitulée Kiss&Drink proposait gratuitement aux clients du Live Club des shots si on embrassait quelqu’un au bar.
Arthur de La Mettrie