Le 27 février, le président ukrainien Zelensky a appelé « tous les étrangers » à rejoindre la légion internationale, en réponse à l’invasion russe. Une invitation qui a eu un écho en France, surtout sur les réseaux sociaux et Facebook.
Ils sont très nombreux à appeler l’ambassade d’Ukraine pour savoir comment aider le pays en guerre. Certains Français sont sur le départ, prêts à rejoindre ceux déjà sur place. C’est le cas de Laurent, pompier dans l’Aisne : « Je constate que la France laisse mourir le peuple ukrainien […] Ma conscience me dit de faire quelque chose ». Il publie depuis quelques jours des appels à recrutement sur Facebook dans un groupe dédié aux volontaires français en Ukraine. L’un d’entre eux ne cesse de voir ses membres augmenter par milliers chaque jour. La DGSI garde un œil attentif sur ces groupes de français volontaires, selon Europe 1. Sur ces pages, souvent privées, beaucoup de secouristes, médecins et militaires qui justifient de l’expérience demandée par l’ambassade d’Ukraine en France sont prêts à rejoindre le front. Des règles se mettent en place pour encadrer les départs. Passeport valide et casier judiciaire vierge sont demandés par l’ambassade ukrainienne. Pour le moment, les autorités françaises placent la région en zone rouge et ajoute que tout déplacement est « formellement déconseillée ». Malgré cela, l’urgence de la situation et la saturation des lignes obligent les volontaires à passer outre les recommandations. « On n’a pas besoin de ce formulaire pour aller au contact, d’autres l’ont fait et le gouvernement ukrainien l’autorise. Dans tous les cas, on ira quand même », explique Elliot, ancien militaire de 26 ans, joint par téléphone.
Départ en voiture
Le rendez-vous pour les volontaires est fixé dans la nuit du dimanche au lundi 7 mars à 2h du matin à Bourg-en-Bresse. Elliot, un ancien militaire reconverti dans la sécurité privée, va rejoindre le terrain en tant que « combattant secouriste ». Ils sont une vingtaine dans son groupe à partir pour l’Ukraine : combattants, médecins et aides humanitaires. Un réseau de connaissances qui s’est formé autour de ce conflit, complété ensuite par des volontaires recrutés grâce à des groupes Facebook. Le voyage doit s’effectuer en voiture pour transporter protections balistiques, soins et autres ressources vitales. Sur place, Elliot compte « surtout aider les citoyens ukrainiens » mais ajoute : « s’il y a du contact, on sera là. » Si la guerre devait s’arrêter à son arrivée, il affirme qu’il restera pour aider à reconstruire : « quitte à y aller, même pour rien, je saurais me rendre utile. »
Une fois en Ukraine, le groupe de cet ancien militaire devrait rejoindre l’un de ses contacts dans l’armée officielle du pays. Un logement serait prévu, tout comme de l’approvisionnement. En ce qui concerne les armes, la question semble résolue. « Il faut les payer, mais on a de la ressource », assure Elliot avant d’ajouter : « l’armée ukrainienne viendra nous assister sur certains points… » La situation est ambiguë concernant ces départs pour le front ukrainien. Elliot est bien conscient qu’il emprunte une route proche du mercenariat mais refuse de se définir comme tel.
Une aide qui se forme à l’arrière
Mais si certains veulent prendre les armes pour aller directement sur le front, ce n’est pas le cas de la plupart des volontaires, qui comptent rester à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine. Une zone moins risquée, mais dans laquelle le travail ne manque pas. Les réfugiés arrivent par centaines de milliers. Les volontaires se mobilisent pour former une aide humanitaire. « Il n’est pas question d’aller faire la guerre », explique quant à lui Jordan, ancien militaire. Comme pour beaucoup, son départ aura pour objectif d’acheminer des médicaments, de la nourriture ou des vêtements à offrir aux nombreux réfugiés. Un voyage de 48 heures qui s’achèvera avec le rapatriement des Français déjà sur place souhaitant revenir en France.
Alexandre Celzard et Simon Dangien