En fonction depuis le premier janvier 2022 pour remplacer l’ENA, l’Institut national du Service Public est inauguré vendredi 28 janvier par le premier ministre Jean Castex en visite à Strasbourg. La nouvelle école promet d’élargir l’intégration à des profils plus variés.
Ce matin à 9h20, le premier ministre Jean Castex a dévoilé la plaque flambant neuve de la remplaçante de l’École Nationale d’Administration : l’Institut national du service public (INSP). La suppression de l’ENA, jugée trop élitiste, avait été une décision prise à la suite du mouvement des gilets jaunes. L’ancienne école était vivement critiquée pour favoriser les candidats provenant de familles issues de la haute fonction publique et titulaires de diplômes de grandes écoles. En 2019, la proportion d’élèves ayant un père ouvrier était de 1%. En comparaison, la proportion d’élèves ayant un père exerçant une profession intellectuelle supérieure était en moyenne de 73% selon le site fonction-publique.gouv. L’école qui lui succède, l’INSP, promet de « diversifier les profils de recrutement pour que les hauts fonctionnaires de demain incarnent la diversité sociale, géographique et académique de la France », d’après le nouveau site de l’école.
Une école plus ouverte
Bien que lui-même énarque, Emmanuel Macron déclarait déjà en 2017, lors de sa campagne, vouloir « renforcer la méritocratie au sein même de l’Etat, pour promouvoir les meilleurs et les plus engagés, et pas seulement ceux qui ont eu les qualités académiques requises à un instant T pour sortir bien classés. » Une phrase donnée lors d’une interview pour Acteurs Publics qui se concrétise avec l’ouverture de cette nouvelle école. Et pour se faire, cette création s’est suivie du programme Talent du service Public, un cursus universitaire sur l’ensemble du territoire pour permettre aux étudiants sélectionnés de bénéficier d’une préparation aux grands concours de la fonction publique. Un programme de 400 places qui a d’ores et déjà permis à 23 étudiants d’accéder à l’Institut national du service public (INSP), à l’Institut national des études territoriales (INET) et à l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) selon le compte rendu du conseil des ministres du mercredi 26 janvier 2022.
Des études sur le terrain
Parmi les critiques faites à l’ENA, le fait que les diplômés se rendaient plutôt dans le secteur privé et n’avaient pas conscience des réalités du terrain se faisait aussi entendre. « La partie scolaire était trop théorique, et ne préparait pas bien à nos futurs métiers », explique Alain Fontanel, conseiller municipal de Strasbourg et énarque. C’est pourquoi les Insparques (les étudiants de l’INSP) seront soumis à plus de stages permettant de comprendre le fonctionnement des institutions publiques et européennes. Un exercice pour faire face à ce qui peut les attendre dans leur future carrière de haut fonctionnaire.
Maryvonne le Brignonen, nouvelle directrice
L’INSP est dirigé par Maryvonne le Brignonen, 46 ans, elle-même énarque. Elle était dernièrement directrice du Tracfin, la cellule de renseignement financier auprès du ministère de l’Economie, pour lutter contre les fraudes et financement du terrorisme. Elle a eu l’occasion de travailler dans le secteur privé banque, assurances et immobilier avant de rejoindre le secteur public en 2010, dans l’Inspection générale des finances. En 2015, elle se voit confier la direction du projet de prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.
Alexandre Celzard