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L'hommage à Pétain fait scandale

« Le maréchal Pétain a été aussi, pendant la Première Guerre mondiale, un grand soldat ». Cette phrase a été prononcée par Emmanuel Macron, ce mercredi 7 novembre, pour rendre hommage à Pétain, grand vainqueur de la bataille de Verdun. Bien que le président français ait également ajouté « qu’il n’occultait aucune page de l’histoire » ces propos ont immédiatement fait réagir. En rendant hommage à Philippe Pétain, le président Emmanuel Macron ne salue pas l’homme qui de 1940, mais le soldat de la Première Guerre mondiale, qui a su mener les Français à la victoire. Mais peut-on vraiment dissocier les deux personnages ? C’est là tout l’objet de la polémique. Pourtant, aucun hommage officiel ne sera rendu au maréchal Pétain samedi 11 novembre, maréchal qui a reçu des fleurs de Charles De Gaulle, Pompidou, et Chirac, qui avait dit qu’il « était impossible de parler de Verdun sans parler de Pétain ».
Le Crif (Conseil représentatif des institutions juives) s’est dit « choqué » de tels propos compte tenu du rôle de Philippe Pétain durant la Seconde Guerre Mondiale. Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, tous deux opposants à Macron se sont également insurgés, le premier apostrophant Macron sur le fait que « l’Histoire de France n’est pas un jouet », le second comparant l’itinérance mémorielle de Macron à « une incroyable errance éthique et morale ».
De Saint-Cyr à Verdun
Mais Emmanuel Macron persiste et signe, il s’agit de célébrer le centenaire de la grande guerre en saluant la mémoire de Pétain. Les détracteurs du Président lui reprochent de n’avoir pas tenu compte du second visage de Pétain, le visage collaborateur, indissociable selon eux de la personne du maréchal. Car  l’homme a eu un parcours bien plus vaste. 
 
Né en 1856 dans le Pas-de-Calais et mort en 1951, en captivité à l’île d’Yeu en Vendée, Philippe Pétain intègre l’école de Saint-Cyr en 1876. Quand la guerre éclate, le 3 août 1914, le colonel Philippe Pétain s’apprête à partir à la retraite. Il est rapidement envoyé sur le front, et est promu général. Vainqueur de Verdun, il a mis en place la voie sacrée, route sécurisée qui permet l’évacuation des blessés et le ravitaillement des troupes. La bataille prend fin le 18 décembre 1916 et 5 mois plus tard, en mai 1917, Pétain est nommé commandant en chef des armées françaises.
Le 16 juin 1940, alors âgé de 84 ans, le maréchal Pétain prend la présidence du Conseil. Deux mois plus tard, une loi donne les pleins pouvoirs au gouvernement pétainiste, sans contrôle de l’Assemblée. Le maréchal va se débarrasser progressivement de tous les contre-pouvoirs à son autorité, et faire disparaitre tout ce qui rappelle la République. Il prend des mesures antisémites dès 1940, sans même que les Allemands ne l’aient demandé.
Condamné à mort
Lorsque la France est libérée, Philippe Pétain est jugé devant la Haute Cour de Justice, le 23 juillet 1945. Bien qu’il ait déclaré avoir été un allié secret du général de Gaulle, il sera déclaré coupable d’intelligence avec l’ennemi et de haute trahison. Condamné à la dégradation nationale, et à la mort, il échappe à cette dernière du fait de son âge avancé.
Un homme controversé.
En 1940, Pétain arrive au pouvoir et est perçu comme un sauveur par une majorité des Français. Son statut de vainqueur de Verdun, sa popularité auprès des militaires et son charisme ont rassuré une partie des français, qui, en lui votant les pleins pouvoirs, ne s’attendaient pas à ce que le maréchal prenne autant de mesures antisémites. 

Léa Hourcade