Une mobilisation est prévue le 17 novembre pour protester contre la hausse du prix du carburant. Beaucoup d’informations et d’intox ont jalonné ces dernières semaines à ce propos.
« Quelle est la raison de cette hausse ? Les gens pas très fortunés comme ma famille ne peuvent pas se la permettre », déclare Victoria, une étudiante qui utilise quotidiennement sa voiture pour aller à l’université. La hausse du prix du carburant est principalement due à l’augmentation de près de 14 dollars du prix du baril entre le 1er et le 6 novembre, décision de 2016 de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Une solution pour l’écologie ?
Cependant, beaucoup d’automobilistes, comme Victoria, accusent le gouvernement de vouloir « vider leurs poches ». Pour atténuer l’effet de la hausse du diesel, l’étudiante a fait le choix de se procurer une voiture hybride – qui fonctionne à l’essence et à l’électrique. Sa décision n’a pas été particulièrement motivée par un souci écologique.
Pourtant, ce sont les arguments mis en avant par le gouvernement pour justifier cette hausse de la fiscalité sur le diesel. Mais il n’est pas avéré que l’argent obtenu par les taxes soutienne vraiment le budget du Ministère de la Transition écologique. « La question n’est pas aussi simple », précise un militant écologiste, Clément Charbonnier. « D’un côté, la hausse du prix du carburant est bien dans la ligne d’une réduction des émissions, de l’autre ça ne se fait pas dans une dynamique générale de remise en cause du productivisme. »
Aligner le prix du diesel sur l’essence
Selon Céline Genzwurker-Kastner, directrice juridique et des politiques publiques à l’Automobile Club Association (ACA) de Strasbourg, « le projet du gouvernement est d’aligner les taxes sur le diesel sur celles de l’essence, d’où cette hausse, car l’essence est de fait plus chère que le diesel ». Cette différence s’explique par un choix ancien de favoriser le diesel sur l’essence par une fiscalité moins forte. « Le gouvernement fait maintenant machine arrière, et c’est cela que lui reprochent entre autres les automobilistes », ajoute Mme Genzwurker-Kastner, « Les automobilistes ont des voitures diesel aujourd’hui, parce qu’on les a incités à en avoir. »
Selon l’ACA, il faut certes trouver des solutions pour réduire les émissions de particules, mais il faut arrêter de stigmatiser les voitures car d’autres sources de pollution existent – les industries, les cheminées… Il faut donc plutôt jouer la carte de l’éducation de la population pour qu’ils prennent eux-mêmes les décisions de réduire leurs émissions. Les usagers se déclarent, selon Céline Genzwurker-Kastner, favorables à des changements de modes de déplacement. Mais ils restent mécontents de cette hausse des prix et la mobilisation du 17 novembre devrait montrer l’ampleur de la contestation.
Maud Lénée-Corrèze