Déjà expérimentés en Île-de-France et depuis peu en Lorraine, les contrôles en civil des titres de transports devraient commencer sur les lignes de train alsaciennes. Pour la SNCF, il s’agît d’être plus juste.
Le résultat est « positif ». D’après l’entreprise ferroviaire, le dispositif anti-fraude vise une meilleure équité entre les voyageurs, en s’adaptant à l’évolution du comportement des fraudeurs d’après les informations recueillies par 20 minutes Strasbourg. Fini de se cacher dans les toilettes, de changer de wagon ou de descendre à l’arrêt suivant pour leur échapper : les contrôleurs se fondront dans la masse et ne seront plus repérables.
La fraude représente un manque à gagner de 300 millions d’euros pour la SNCF. Si elle y voit le moyen de rassurer sa clientèle honnête, elle espère également pouvoir lui faire profiter des « bénéfices » de la fraude, sous forme de réinvestissements.
Critique des syndicats de cheminots
La CGT redoute de voir la situation empirer avec une telle organisation car les tensions sur les lignes ne sont pas rares. Il arrive que les fraudeurs aient des réactions violentes ou des propos injurieux envers les contrôleurs. Elle déplore aussi l’aspect trop économique de la démarche et le manque de formation des agents pour régler les conflits potentiels.
D’autres problèmes risquent d’apparaître. Outre le fait qu’ils verbalisent, les contrôleurs ont aussi le rôle de renseigner les usagers et vendre des billets. Des compétences inapplicables en civil. Or certaines gares ne comptent aucun automate et n’offrent pas la possibilité physique au voyageur d’acheter un titre de transport. Dans ce cas, l’usager se dirige dès sa montée dans le train vers le contrôleur pour acheter un ticket ou pour expliquer sa situation. Les syndicats soulignent l’injustice que le contrôle en civil risque d’engendrer pour ces personnes.
C’est le cas d’Erwann Idelkadi, 15 ans, lycéen en menuiserie à Couffignal. Il fait le trajet chaque vendredi et chaque lundi, de Solbach à la Meinau. A la petite gare la plus proche, Fouday, aucun billet disponible. « Déjà quand ils sont en uniforme et que je vais les voir pour acheter un ticket ils m’accusent de frauder, alors si je ne peux plus les reconnaître… ». Pour aller en cours le lundi, obligation pour le jeune homme de prendre le train. Usager régulier, il dispose d’un abonnement avantageux. Pourtant, au vu des changements prévus par la SNCF, il se méfie de la pénalisation.
Et si la SNCF a pour argument la billetterie en ligne, une part non négligeable d’usagers ne dispose pas de smartphone et la méthode reste handicapante (plus de batterie, connexion internet indisponible…).