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« Faire du ski dans les Vosges, c’est des aventures »

Ancien skieur alpin de haut niveau, c’est en tant qu’entraîneur que cet Alsacien fait surtout parler de lui. Avec son équipe, il a permis au ski de compétition régional, et notamment bas-rhinois, d’atteindre des sommets. C’est aussi lui qui a contribué, en grande partie, au succès de Thibaut Favrot, actuellement membre de l’Equipe de France. Portrait de Dany Iselin.

Avec son approche du ski alpin, Dany Iselin a dynamisé la préparation des jeunes skieurs de compétition alsaciens. Crédit photo : Jean-Eric Mauriès.


Des pistes de Rouge Gazon, dans le sud des Vosges, où il a débuté le ski à l’âge de deux ans, à son chalet du Hohwald, où il vit aujourd’hui, il y en a eu du chemin parcouru. Dany Iselin, 63 ans, est un entraîneur bien connu dans le milieu du ski alpin de compétition. Et plus particulièrement dans les Vosges alsaciennes. Toujours en activité, même s’il admet « être au crépuscule de sa carrière » et « ne pas se projeter pour dix ans encore », ce passionné et grand travailleur n’a de cesse d’insuffler de l’énergie positive à sa structure d’entraînement Alsace Ski Compétition, le bijou qu’il bichonne. Composé d’une soixantaine de jeunes skieurs et skieuses, de 7 à 23 ans, qui participent assidûment, ce regroupement de jeunes de différents clubs a été créé en 2005. Et quinze ans après, le moins que l’on puisse dire est que tous les investissements des encadrants, des très nombreux bénévoles continuent de porter leurs fruits ! Mais avant de développer cette structure en partant pratiquement de zéro, Dany Iselin a fait ses gammes.

La bascule progressive : de compétiteur à entraîneur

Le goût de skier en pleine nature et d’être libre, Iselin l’a cultivé tout en s’illustrant assez jeune  parmi les meilleurs régionaux de son âge, puis dans les meilleurs nationaux avec des résultats aux championnats de France. Celui qui est né à Mulhouse a ensuite passé quelques années en Equipe de France citadine, qui regroupait les meilleurs jeunes issus des villes et des comités sportifs de plaines. A son actif également, une année en tant que membre sous réserve de l’Equipe de France de slalom, à 23 ans, mais les contraintes que cela impliquait lui convenait moins. 

« Dès l’âge de 16 ans, j’ai commencé à organiser des stages de ski dans les Alpes, il y avait sept ou huit jeunes, se souvient l’entraîneur alsacien. La bascule s’est faite progressivement, j’ai commencé à arrêter la compétition vers 28 ans. Après j’ai été amené à travailler assez rapidement pour le comité départemental du Haut-Rhin, j’avais une trentaine d’années. C’est là que je suis vraiment entré comme cadre fédéral, j’ai entraîné des benjamins et minimes. Après j’ai été en charge d’une équipe féminine dans le massif des Vosges pour aller vers les compétitions internationales avec notamment une compétitrice parmi les vingt meilleures françaises. » 

Puis s’ensuit une année de travail dans un centre national d’entraînement en Provence-Alpes avant de revenir dans les Vosges, à Munster aux Amis de la nature, et de créer avec d’autres personnes le centre d’entraînement de la Vallée de Munster. Son expérience dure 11 ans avec à la clé 26 titres nationaux. Ensuite vient l’épisode d’Alsace du Nord, qui continue toujours aujourd’hui. « Le président de la commission alpine du Bas-Rhin, Emmanuel Bezaut, m’expliquait les difficultés, [la structure] était presque inexistante [dans le département]. Dominique Keller, le président du comité départemental du ski s’est aussi saisi du projet. Il m’a été demandé si l’on pouvait prendre mon nom. » 

« Mélanger tout le monde »

Au début, force est de constater que seules les catégories âgées master/senior faisaient de bons résultats. Il y en avait très peu chez les jeunes du Bas-Rhin. Dany Iselin a donc pris tout cela en main dès 2005, et continue à le faire aujourd’hui, accompagné d’un autre cadre, Lionel Losser. Petit à petit, de plus en plus de jeunes coureurs arrivent.  La particularité d’Alsace Ski Compétition – antérieurement Ski 67 Compétition -, c’est qu’ « on prend tout le monde, que les skieurs soient bons ou non, jeunes ou non, on les fait skier ensemble, fait-il remarquer. L’idée c’est de tout mélanger. Les petits poussent les grands, les grands aident les petits, tout le monde apporte quelque chose. J’ai le sentiment qu’il peut y avoir des synergies entre différentes approches, différents niveaux, différentes personnalités, entre garçons et filles. On a réussi à arrêter ces histoires de sélection qui est, à mon avis, une forme de cancer dans le ski alpin. Faire tomber ce type de pression, laisser aux jeunes le temps de grandir et de progresser tranquillement. »

C’est avec cette philosophie, et en leur proposant bien entendu des séances de préparation physique et de ski, des stages, que l’Hohwaldois a développé cette structure, pour les préparer au mieux pour les courses, mais pour la vie aussi. « Faire du ski dans les Vosges, c’est des aventures. Je crois que de manière systématique ils sont heureux d’avoir fait ça et ils se disent qu’ils ont été davantage armés pour la vie d’adulte », assure celui qui aime être au contact de ces jeunes sportifs. 

L’entraîneur alsacien a permis, par exemple, à Margot Bottlaender d’atteindre un très haut niveau, et à Thibaut Favrot de pouvoir évoluer aujourd’hui en Coupe du monde. Il est fier également d’avoir pu pousser des jeunes à améliorer leur niveau. Tout le monde est valorisé. Iselin espère maintenant qu’Alsace Ski Compétition continuera de « vivre et de bien vivre » lorsqu’il passera le relais.

Jean-Eric Mauriès

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