Connue pour son rayonnement européen ou pour son marché de Noël, Strasbourg est aussi une destination « gay friendly » très appréciée des membres de la communauté LGBTQI+. Aujourd’hui, la ville se veut un symbole d’amour libre, ouverte à toutes les orientations sexuelles.
L’amour doit désormais s’affirmer sans crainte. Depuis le 3 mai 2021, Strasbourg s’est officiellement déclarée « zone de liberté pour les personnes LGBTI+ », un engagement fort de la municipalité pour lutter contre les discriminations. En la rendant plus visible, à travers un tram ou un chemin aux couleurs de l’arc-en-ciel, la ville donne une réelle place à la communauté.
Strasbourg fête les amours pluriels
Longtemps concentré sur le couple hétérosexuel, l’événement annuel « Strasbourg Mon Amour » célèbre désormais toutes les formes d’amour. Depuis 2019, le festival accueille des soirées LGBTQI+ comme « Colors of Love », nouveauté de cette année, une soirée à l’initiative du collectif Festiguay. La suite d’une longue série d’engagements de la ville : lors du dernier Forum mondial de la démocratie, Strasbourg a accueilli la drag-queen Noxima Marley. Vêtue de l’Amsterdam Rainbow Dress, elle dénonçait les 68 pays où l’homosexualité est criminalisée. « Ce sont des symboles forts qui contribuent à rendre la communauté plus visible et qui ont un impact positif sur les personnes que nous accueillons », admet Ol, bénévole à La Station.
Entre foi, amour et fierté
Sur les murs de l’église Saint-Guillaume, un drapeau arc-en ciel flotte dans le ciel. Si l’Antenne inclusive de la paroisse offre un espace bienveillant pour les personnes queers et chrétiennes, ce n’est pas sans déplaire à certains. « J’étais avec le pasteur lorsqu’un passant est venu lui reprocher ce drapeau nous accusant de faire du prosélytisme pour la cause LGBT. Mais ce n’est pas le cas, c’est l’ouverture à tout le monde, et c’est même référé à la Bible », témoigne Hervé, membre de la paroisse.
On a gagné
Alice, employée au Canapée Queer
Après des années dans l’ombre, bars, clubs et restaurants inclusifs se multiplient dans la capitale alsacienne. C’est le cas du Canapé queer qui a ouvert ses portes en janvier 2022 dans le quartier de la Krutenau. Mais ces lieux de rencontres continuent d’attirer des détracteurs. « Chaque semaine on reçoit des insultes homophobes, transphobes et tout ce que vous imaginez. Mais tant que ça énerve les homophobes, on a gagné », confie Alice, employée au Canapée Queer. « Strasbourg a fait d’énormes progrès, mais on doit continuer à sensibiliser pour la cause », continue-t-elle.
Cette initiative locale s’inscrit dans un contexte national où la visibilité et l’acceptation de toute la communauté progressent. Selon une enquête de l’Ipsos menée en 2023, 10% des Français se déclarent LGBQI+, un chiffre qui monte à 19% parmi la génération Z.
Légende photo : Le Chemin des droits LGBTQI+, long de 65 mètres, sur le parvis de la gare, inauguré en 2023 (© Luan Montero)
Luan Montero