Qui n’a jamais rêvé de détruire une table de chevet à l’aide d’un pied-de-biche ? Les Strasbourgeois du Dooz, proposent une solution pour tous ceux qui vouent une haine tenace aux objets du quotidien, la Destroy Room.
Rien ne laisserait penser que ce bâtiment à l’apparence des plus banales, au 12 rue des Magasins, abrite une salle entièrement dédiée à la violence. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un Fight Club, des combats sans pitié ont véritablement lieu. Les victimes ici sont d’innocentes bouteilles en verre ainsi que du vieux mobilier qui n’a rien demandé à personne, et leurs tortionnaires des visiteurs venus les détruire à l’aide d’outils divers et variés.
En entrant dans les locaux, je ne pouvais m’empêcher d’émettre quelques réserves sur l’activité que j’allais pratiquer. L’idée que des gens soient prêts à payer 20 euros pour casser des bouteilles pendant un quart d’heure me dépassait complètement. Il s’agissait pour moi, encore une fois, d’une idée sortie du cerveau d’un diplômé d’école de commerce faisant payer trop cher un concept un peu insolite. Malgré tout, comme bien souvent, la curiosité a fini par l’emporter et je me suis retrouvé à passer la porte des lieux. Je suis accueilli par le gérant dans un bar à la décoration atypique. Une sorte de Saloon tout droit tiré d’un vieux western, mais éclairé par des néons verts et bleus.
Après une rapide visite, je suis dirigé vers un vestiaire pour m’habiller pour ma « mission ». Le dress code est très « militaire ». J’enfile des rangers et un treillis sur les vêtements que je portais en arrivant. Ensuite, s’ajoutent des protections sur les bras et les jambes, un plastron, des gants et un casque avec une visière. Un accoutrement qui me donne l’air d’un CRS ou d’un démineur, mais qui s’explique par la potentielle dangerosité des armes qui seront à ma disposition dans quelques minutes. Une dernière étape m’attend avant de passer aux choses sérieuses : signer la décharge de responsabilité.
Après une rapide explication des règles de sécurité, j’entre dans une salle d’une douzaine de mètres carrés environ. Les murs, entièrement noirs et vides sont marqués d’impacts. Une lumière rougeâtre éclaire un amoncellement d’objets au milieu de la pièce. Une vieille table de chevet, une quinzaine de bouteilles en verre, des planches et un bout de chaise de cuisine seront donc mes ennemis aujourd’hui. Après quelques secondes, la porte se referme. Les haut-parleurs se mettent à cracher du ACDC et du Black Sabbath. Mes armes pour les prochaines minutes sont accrochées sur le mur. Du simple maillet au pied de biche, en passant par la batte de baseball, il y en a pour tous les goûts.
Un peu hésitant dans un premier temps, je commence par utiliser un marteau pour briser mes premières bouteilles. Mais rapidement, je me découvre une préférence pour l’utilisation de la hache et de la masse, beaucoup plus efficaces. Peu à peu, l’aspect inédit et déstabilisant de la situation s’efface. Se déchainer sur les objets et laisser libre cours à ses pulsions de violence provoque un sentiment assez jouissif. Les débris de verres et morceaux de bois volent dans la salle, l’utilisation de toutes ces protections prenant alors tout son sens. Le moindre morceau de bois encore intact subit les foudres de mes coups de hache jusqu’à ce qu’il soit réduit à l’état de copeaux.
Après 15 minutes, la musique se coupe et un buzzer retentit. Il s’agit du signal annonçant la fin de la session. Moi qui pensais rester sur ma faim avec une durée aussi courte, je me retrouve épuisé. J’ai le souffle court et les articulations des mains endolories à cause des coups à répétition. Il ne reste plus rien, mis à part des débris, des objets qu’on m’avait fournis au départ. Un peu penaud, j’ai du mal à réaliser m’être autant laissé aller.
Au final, le bilan de cette expérience est plus positif que je ne l’aurais pensé. Même si les tarifs appliqués peuvent sembler trop importants pour ce qui est proposé, il s’agit bel et bien d’une expérience inédite et amusante. Sans pour autant révolutionner les thérapies pour lutter contre le stress, les heures qui suivent la sortie de la destroy room sont effectivement marquées par un fort sentiment de détente. En plus, les objets utilisés sont initialement destinés à être jetés. Il s’agit d’une façon pour le moins intéressante d’aborder la question de recyclage.
Y aller, casser : Dooz Destroy Room, 12 rue des Magasins. Ouvert de 14 h à 22 h du mercredi au vendredi et de 10 h à 21 h 30 le week-end. 25 euros par personnes en heures pleines, 20 euros en heures creuses. Sessions de 15 minutes, de 1 à 4 joueurs. Réservation sur le site internet https://strasbourg.doozescape.com/.