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Une lumière verte pour éclairer l’espace public

Ghislain et Rose-Marie Auclair, un couple de chercheurs, ont présenté en septembre dernier un projet qui leur a demandé près de 9 ans de travail et de recherches : la première plante bioluminescente. Les biologistes souhaitent aujourd’hui les intégrer dans l’espace public.

Remplacer l’éclairage public par des plantes. C’est le pari ambitieux de la start-up Woodlight basée à Illkirch-Graffenstaden et créée en 2016. Le projet repose sur la bioluminescence, un phénomène naturel qu’on retrouve chez certaines espèces animales telles que les lucioles ou les animaux marins. « C’est une réaction chimique entre deux molécules : la luciférine et la luciférase. Lorsqu’elles interagissent, elles produisent de la lumière sans avoir besoin d’un apport électrique », explique la biologiste Rose-Marie Auclair. Les deux chercheurs ont réussi à transférer cette capacité naturelle dans une plante pour lui permettre de générer de la lumière en continu, avec une durée de vie illimitée.

« La nature n’a plus sa place »

L’idée est née bien loin de Strasbourg, pendant un voyage à New-York. « En se baladant, on a vu une problématique. On aime avoir toutes ces infrastructures, mais la nature n’a plus sa place », raconte la biologiste. Avec cette innovation, les deux chercheurs espèrent contribuer à la réduction de la consommation énergétique. « Entre 15 et 20 % de l’énergie mondiale est utilisée pour l’éclairage public. C’est énorme ! », souligne la co-fondatrice de la start-up.

Une alternative verte à la pollution lumineuse

Toute cette lumière artificielle est problématique pour la faune et la flore. Le cycle du jour et de la nuit étant un élément structurant pour les êtres vivants, la pollution lumineuse perturbe le comportement des animaux. Afin de préserver les écosystèmes fragiles, la start-up a opté pour une lumière verte. « C’est une couleur qui impacte moins la biodiversité », explique la biologiste. Des mesures ont également été prises pour contrôler la propagation de la plante génétiquement modifiée. « Elles sont rendues stériles. Elles n’ont donc pas de graines, donc pas de risques d’être disséminées partout ou de se croiser avec d’autres plantes », affirme la chercheuse.

En 2023, une première levée de fonds a permis à Woodlight de récolter 850 000 euros. Cette somme a permis de lancer la production d’un premier prototype, baptisé V1. Une seconde version pourrait voir le jour en 2025. Les tests en conditions réelles sont prévus pour 2026, avec l’espoir pour la start-up de démontrer que ces plantes peuvent éclairer les espaces publics de manière autonome et durable.

Crédit photo : Woodlight

Candice Demay