La soirée de lancement de la consultation citoyenne sur la ZFE s’est tenue mardi dernier. Pendant cette table ronde, experts et politiques se sont relayés pour informer les citoyens sur cette future zone. Dès 2023, les véhicules les plus polluants seront interdits dans les 33 communes de l’Eurométropole. À terme, tout véhicule avec au moins une vignette Crit’Air 2 sera interdit de circuler dans l’agglomération, soit tous les véhicules diesel. Strasbourg rejoint le club des villes avec une Zone à faible émission (ZFE) comme Paris, Lyon ou Grenoble.
«Il était important pour nous de donner un calendrier qui soit progressif parce que l’on voit bien qu’on est sur des changements de comportements, que ceux-ci prendront du temps et qu’il est nécessaire d’accompagner les habitants et les entreprises dans ce changement», a expliqué Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, mardi dernier en visioconférence de la consultation citoyenne organisée par l’Eurométropole. Pour l’établissement de la ZFE, elle mise sur une politique d’accompagnement et de pédagogie pour les conducteurs. Il y a de quoi : Strasbourg veut interdire tous les véhicules polluants d’ici 2028. Des ateliers pour particuliers et professionnels sont prévus afin de détailler les dispositions de la ZFE. La consultation citoyenne doit durer jusqu’au 24 juin avant un vote final du calendrier le 12 juillet prochain.
L’Eurométropole de Strasbourg espère surtout un changement de comportement de la part de ses habitants, et notamment sur l’usage de la voiture. Les politiques publiques depuis une dizaine d’années en faveur des modes de déplacements alternatifs à la voiture portent leurs fruits : « Strasbourg est une exception française vertueuse, seulement 35% des déplacements se font en voiture contre 60% dans le reste de la France, ce qui est en soit une condition favorable pour passer à la ZFE », a souligné Arnaud Passalacqua professeur à École d’Urbanisme de Paris lors de cette visioconférence. Pour l’agglomération, le but n’est pas de changer la totalité du parc automobile strasbourgeois par des voitures électriques ou à gaz, mais de pousser les habitants à choisir un autre moyen de déplacement que la voiture. Mais si problème climatique et sanitaire est mis en avant par l’Eurométropole pour justifier la ZFE, beaucoup d’internautes ont montré leur inquiétude durant la table ronde concernant l’enjeu social de la mise en place d’une telle zone. « Les ménages les plus modestes sont souvent ceux qui possèdent des véhicules anciens et polluants, de même, ce sont rarement ces ménages qui habitent en ville et qui ont donc le plus besoin de la voiture », explique Céline Kastner, porte parole de l’Automobile Club de Strasbourg. Mais l’agglomération se veut rassurante et rappelle que des aides et un renforcement de l’offre de transport en commun accompagne la création de la ZFE : l’extension des lignes de tramway et de bus, une augmentation du trafic ferroviaire dans les gares de l’Eurométropole, la gratuité des transports en commun pour les moins de 18 ans ou encore l’aides pour l’achat d’un vélo électrique.
Le mois dernier, les communes de l’Eurométropole s’étaient mises d’accord sur un calendrier progressif à adopter. Le calendrier proposé entrera en vigueur le 1er janvier 2022. Un calendrier par paliers afin de permettre aux conducteurs des 33 communes de se préparer aux nouvelles obligations. Pour commencer, seuls les véhicules sans vignettes ou avec une vignette Crit’Air 5 seront concernés par l’interdiction. Après une période d’observation et de tolérance d’un an, ces véhicules seront définitivement interdits sur le territoire de l’agglomération. Même principe pour les autres vignettes : les véhicules Crit’Air 4 seront interdits en 2025, les Crit’Air 3 en 2027 et les Crit’Air 2 en 2028. En tout, c’est près de 170 000 véhicules qui devront être changés d’ici à 2028.