Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, les sanctions contre la république de Vladimir Poutine ne cessent de pleuvoir. Elles sont pour la plupart économiques et viennent des pays occidentaux, de l’Union Européenne ou encore des Etats-Unis. Laurent Weill, doctorant en sciences économiques et professeur des universités spécialisé dans les finances à l’EM de Strasbourg analyse ce phénomène inédit.
D’un point de vue français, peut-on être impacté ?
Si jamais les Russes s’appauvrissent et que le rouble s’effondrent, les entreprises françaises qui exportent en Russie vont moins exporter et ça va moins rapporter. La Russie n’est pour autant pas notre principal marché d’exportation. Les entreprises qui sont en revanche installées là-bas comme la Société Générale qui possède une des deux banques privées, la Rosbank est, elle, menacée de faire faillite ou même d’être expropriée.
Au niveau européen, peut-on se retrouver pris au piège ?
La France importe majoritairement du gaz norvégien et est donc assez indépendante de la Russie pour ça. Mais ce n’est pas le cas de tous les pays européens, comme l’Allemagne. Si Poutine met ses menaces de couper le gaz en Europe à exécution, il perdrait de gros clients et se tirerait une balle dans le pied. L’Allemagne et le chancelier Olaf Scholz ont déjà mis un terme au projet du gazoduc Nord Stream 2, qui devait faciliter le transport du gaz notamment russe dans le pays.
Le rouble va-t-il survivre à ces sanctions économiques ?
1 euro valait 86 roubles quand les problèmes ont commencé et on est passé à un euro qui est égal à 126 roubles. La monnaie russe a baissé d’un tiers. Les biens étrangers valent donc plus chers, or le pays est très dépendant des exportations pour ses biens de consommation. C’est là où les sanctions font très mal. En moyenne, un Russe gagne déjà 4 fois moins qu’un Français. La Banque centrale de Russie a tenté d’éviter la chute du rouble grâce à ses grandes réserves d’euro et de dollars. Cependant, l’opération a échoué car ces réserves ont été gelées par l’Union Européenne et les pays du G7, empêchant toutes transactions ou transfert d’argent vers la Russie.
Quels sont les effets de ces sanctions économiques sur les banques russes ?
Il va maintenant être beaucoup plus compliqué pour les banques russes de faires des transactions avec les banques qui sont à l’étranger car elles ont moins accès aux paiements internationaux. La plupart des banques russes vont notamment être déconnectées du réseau de messagerie et de transactions bancaires Swift.
Propos recueillis par Sabrina Claus & Lucie Robert