La médiathèque de Sélestat accueille l’exposition photographique « Saru, Singes du Japon » jusqu’au samedi 3 juillet. Le photographe Alexandre Bonnefoy les a suivis sur quatre saisons, du printemps à l’hiver, et offre au public une sélection de clichés épatants de ces primates.
Les photographies grand format d’Alexandre Bonnefoy se dévoilent sous les yeux du public, dès son entrée dans la médiathèque de Sélestat. Les multiples clichés des “Saru” – terme qui signifie “singe” en japonais – sont accrochés tout le long du mur du hall d’entrée. Au plafond, les puits de lumière éclairent les grands yeux des singes du Japon, qui semblent fixer le spectateur. Les trois premières photographies sont des portraits. Chacune représente un Saru, le regard dirigé droit vers l’objectif, à trois âges de sa vie. Sur la première photographie, un bébé de 9 mois vit son premier hiver. Son pelage est encore fin, comme un duvet, son regard est doux et il semble esquisser un timide sourire. Le pelage des Saru se densifie en hiver, ce qui leur permet de supporter des températures négatives. En grandissant, leur peau passe du marron au rouge et les traits de leurs visages changent, se durcissent. Alexandre Bonnefoy a réussi à immortaliser une multitude de leurs expressions faciales, de leurs comportements, et rend ces photographies à la fois touchantes, drôles et captivantes.
Du livre à l’exposition
Avant d’être présentées lors d’expositions, les photographies d’Alexandre Bonnefoy ont illustré le livre « Saru, Singes du Japon » qu’il a réalisé en 2017, en collaboration avec deux primatologues strasbourgeois, Cédric Sueur et Marie Pelé. Le photographe les rencontre après avoir vécu deux ans au Japon, de 2010 à 2012. Ensemble, ils décident de créer un livre sur cette espèce qu’ils estiment trop méconnue du grand public. Le photographe a parcouru le Japon pendant 8 mois, du Nord au Sud, pour étudier les Saru. Il est particulièrement admiratif de ces primates. « Au Nord du Japon, à Wakinosawa, en plein hiver, il y a un mètre à un mètre cinquante de neige. Les singes n’ont pratiquement rien à manger, ils se nourrissent d’écorce d’arbre, de baies qu’ils trouvent. Ils vivent dans des conditions extrêmes », explique-t-il.
Un travail photographique périlleux
Les Saru ne se laissent pas facilement approcher. Alexandre Bonnefoy a dû s’armer de patience, au cœur des forêts japonaises, pour parvenir à les photographier. Il a tout d’abord fallu les trouver: « En hiver, les Saru sont très silencieux, eux qui, le reste de l’année, communiquent beaucoup. J’ai parfois marché pendant des jours sans les voir, ils restent perchés dans les arbres et sous la neige, avec leur pelage, ils sont bien camouflés. », explique-t-il. Une fois trouvés, il était important de les apprivoiser. Le photographe a dû instaurer une relation de confiance avec les différents groupes de singes repérés au cours de ses excursions, se montrer discret, ne pas les approcher de trop près. « Il faut également éviter de les regarder dans les yeux, du moins le moins longtemps possible, car ils l’interprètent comme une menace. », ajoute t-il.
De son voyage, Alexandre Bonnefoy rapporte un nombre incalculable de photos. D’ordinaire, une cinquantaine de clichés sont présentés lors des expositions, mais la médiathèque de Sélestat n’a pu en présenter que trente, en raison de la crise sanitaire. « En temps normal, nous mettons une salle supplémentaire à disposition pour les expositions. Cette année, ça n’a malheureusement pas pu être réalisable » explique Hélène Beaucolin, qui travaille à la Médiathèque de Sélestat et s’est chargée d’organiser la mise en place de l’exposition. Les trente photographies présentes suffisent à transporter le spectateur dans les forêts du Japon, aux côtés des Saru, le temps de quelques instants.
Y aller: Exposition « Saru-Singes du Japon » , Médiathèque intercommunale de Sélestat, 2 Espace Gilbert Estève, 67600 Sélestat.
Clémentine Voinchet