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Stéphane Brogniart contre l’Atlantique

La France entière était confinée pendant qu’il traversait l’Atlantique à la rame. Il a déjà fait le tour des Vosges en ski roues. Il a également parcouru un bout de la Méditerranée, de Marseille à Calvi, en kayak. Et il rêve de s’attaquer à l’Océan Pacifique dans quelques années… Rencontre avec Stéphane Brogniart, l’ultra traileur et aventurier vosgien.

« Je me disais que j’allais m’encroûter, alors je me suis mis dans l’idée de traverser un océan à la rame ». Stéphane Brogniart rêve de rallier le Pérou à la Nouvelle-Calédonie à la seule force de ses bras. Ce projet est l’aboutissement d’une longue carrière sportive. Une carrière qui s’est dessinée dès son plus jeune âge. « Je n’avais pas de résultats très impressionnants à l’école, j’avais pas grand chose sous la main pour devenir quelqu’un. », explique-t-il. Alors pour lui, le sport a été un moyen de se différencier et d’exister. Mais surtout, un moyen de s’exprimer. D’abord, il prend le sport comme tout sportif : il faut des résultat et des performances. « Mais pas de bol, j’en ai pas vraiment eus, ou assez peu », raconte Stéphane. En 2003, à presque trente ans, il découvre le trail. Un sport totalement inconnu à l’époque qui mélange la randonnée en montagne et la course à pied. Il y avait peu de compétition, mais ce sport lui plaisait car c’était « un mix entre le sport, la découverte et le voyage. J’ai découvert des endroits où je ne serai jamais allé, comme le Puy-de-Dôme, l’Île de la Réunion ou Madagascar… C’était une réelle invitation au voyage ». 

Assouvir une noble cause personnelle 

En 2009, Stéphane Brogniart dit « stop ». « Je basais mon activité sur un corps physique que j’essayais de pousser au maximum, quasiment déconnecté de ce que je suis au plus profond de moi-même ». Il fait une pause de plusieurs mois et commence à lire et se renseigner sur l’art du bonheur et le développement personnel. Il découvre « Le Guerrier Pacifique » de Dan Millman, qui raconte l’histoire d’un sportif américain, qui semblait avoir tout pour être heureux. Mais qui tombe dans une dépression après un accident. « Il se soigne grâce à un homme qui lui explique que le sport n’est qu’un outil pour parvenir à quelque chose et s’exprimer », souligne Stéphane Brogniart. Ce livre a été le déclic : « cette idée que j’avais de moi n’était pas très bonne, car toute mon adolescence, j’avais un père qui me répétait à tue-tête que je n’étais pas bon, que j’étais nul, que j’arriverais jamais à rien, et encore moins dans le sport. Alors, plutôt que de courir après une médaille qui ne viendra pas, plutôt que de courir pour rien, ça vaudrait le coup de courir pour quelque chose ». Il décide de reprendre le sport et de partir à l’assaut de l’Ultra Trail Mont Blanc. « Là, j’ai mis tout en oeuvre, […] pour assouvir une noble cause personnelle : donner tort à mon père ». Il finit 10ème au bout de 22 heures de course. 

Ecoutez Stéphane Brogniart raconter l’un de ses meilleurs souvenirs.

Du trail à l’aventure, il n’y a qu’un pas

A son retour de la Diagonale des Fous, sur l’île de la Réunion, il pensait arriver dans sa zone de confort. Il commençait à bien connaître le trail, à le comprendre et à le maîtriser.
« Quand on voit une montagne, on a toujours envie d’aller en haut pour voir ce qu’il se passe derrière. Et moi, je me suis créé de nouvelles montagnes qui étaient l’aventure », explique Stéphane Brogniart. Son but est d’aller d’île en île dans le Pacifique pour y rencontrer les peuples et les aider à faire connaître leur drame. « A cause de la montée des eaux, certains doivent tout quitter pour les côtes européennes, américaines ou australiennes. Et ils y sont très mal accueillis », déplore-t-il. Grâce à sa notoriété, il espère faire connaître ces peuples et leurs problèmes aux Occidentaux. Mais avant cela, il faut s’entraîner et se crédibiliser. Il a commencé par faire le tour du département des Vosges en ski roues en 2017. Puis, il a traversé un bout de la Méditerranée, de Marseille à Calvi, en kayak. Et dernièrement, il a passé le confinement sur un bateau pour traverser l’Atlantique à la rame, des îles Canaries à la Martinique. Un « run d’essai » de 5 000 km en solitaire qui lui permet de se rapprocher de son rêve.