Il y a deux semaines, le court-métrage « Fantasmagoria » a été publié sur YouTube. Petite particularité, le film a été 100% produit et réalisé en Alsace par Mathieu Buchholzer, producteur et réalisateur indépendant au sein de sa société Blue Mount Films. L’Alsacien de 31 ans, qui a déjà réalisé deux courts-métrages dans le passé, s’est prêté pour nous au jeu des questions/réponses.
Dockinfos : Bonjour Mathieu Buchholzer, pouvez-vous rapidement vous présenter ?
«Je suis aujourd’hui producteur et réalisateur indépendant au sein de ma société. Je ne fais pas que des courts-métrages, mais également de la publicité et beaucoup de clips musicaux comme par exemple pour les Gospels Kids ou des artistes émergents. »
Dockinfos : D’où vient votre passion pour l’audiovisuel ?
«Je pense que cette passion a toujours existé en moi, mais ce n’était pas facile d’en prendre conscience, car je ne suis pas issu de ce milieu, ni au niveau familial ni au niveau amical. J’ai fait plusieurs petits boulots à droite à gauche jusqu’au moment où j’ai pu me rapprocher par hasard du milieu. Je commençais en amateur à jouer un peu devant la caméra, et c’est là que je me suis rendu compte que c’est ce que j’avais envie de faire. En partant de ce point-là, j’ai compris que je voulais créer l’histoire et pas seulement jouer dedans. J’ai alors entrepris d’écrire mon premier court-métrage que j’ai imaginé, réalisé et financé moi-même. Est alors né le premier film « Les démons du passé » qui est ce qu’il est parce que c’est le premier, mais il m’avait permis de négocier un partenariat avec le cinéma Vox à Strasbourg. J’avais pu diffuser mon film en avant-première en 2018 devant plus de 200 spectateurs. Ça a crédibilisé ma démarche dans le monde de l’audiovisuel et du cinéma et j’ai pu consolider mon partenariat avec le Vox. »
Dockinfos : D’où viennent vos idées et quel est votre réalisateur favori ?
«Je suis forcément un peu influencé par le genre de cinéma qui me plait, que j’ai toujours regardé dans mon enfance ou par après. Parfois dans mes courts-métrages, on me dit « Ah tiens, ça ressemble un peu à ce film là ou là », mais ce n’est jamais volontaire. J’essaye de ne pas m’inspirer de scénario que j’ai vu par avant, mais plutôt d’une humeur ou d’une ambiance générale. J’aime beaucoup Christopher Nolan ou David Fincher, globalement je suis assez attiré par tout ce qui est thriller ou science-fiction. »
Dockinfos : De quel projet êtes-vous le plus fier ?
«Je pense que ça reste Fantasmagoria. Notamment parce qu’on a réussi à le faire, car c’était un projet indépendant issu d’une immense collaboration bénévole avec près de 150 participants, 10 partenaires et pas beaucoup de temps pour le faire, car on avait des contraintes par rapport à un petit festival à Strasbourg. Entre le début de l’écriture et l’export final du film, on avait 4 mois. Ça peut paraitre beaucoup, mais dans le monde du cinéma, quand on fait un film avec des décors et des costumes d’époque dans différents lieux, c’est pas énorme. Avoir réussi à le faire avec quasiment aucun moyen c’est probablement ce dont je suis le plus fier. En plus, il fonctionne bien et j’ai de bons retours. »
Dockinfos : Il a été 100% produit et réalisé en Alsace. Où avez-vous tourné ?
«Pour être honnête, ce n’était pas une volonté initiale, mais c’était les contraintes du « vite » et avec peu de budget. Du coup, ça lui vaut cette particularité d’être 100% produit alsacien et avec uniquement des Alsaciens dedans. On a tourné pas mal sur Strasbourg et alentours, par exemple dans le hangar de dépôt de l’Eurométropole, dans le bar caché de l’Eden, dans les bureaux du groupe Décapole ou encore au fort de Mutzig. »
Dockinfos : De quoi parle ce film ?
C’est un exercice difficile sans le spoiler. Je vais me contenter d’être très vague en disant que le film nous décrit la préparation psychologique du personnage principal dans son affrontement face à un groupe d’individus puissants et effrayants. Il va faire le portrait de tout ceux qu’il va affronter et la conclusion du film est cette confrontation. »
Dockinfos : Quelles ont été les retours et distinctions que Fantasmagoria a reçu ?
«Les retours sont globalement tous positifs. J’ai pu me rendre compte depuis sa sortie publique, le 24 avril, que le film plait. Fantasmagoria a eu plus d’une vingtaine de sélections en festivals à l’international, et une vingtaine de prix, dans des festivals français, américains, indiens, espagnols, canadiens ou encore londonien. Il y a eu plusieurs prix, comme celui du meilleur film, de la meilleure cinématographie (c’est-à-dire de l’image), du meilleur réalisateur, du meilleur acteur à deux reprises pour Pierre Parisot qui incarne le personnage principal, des meilleures musiques… »
Dockinfos : Quels sont vos prochains gros projets ?
«Avec ma société Blue Mount Films, j’ai pas mal de gros projets avec des clients et partenaires qui sont en cours, et notamment le tournage des clips du prochain album des Gospels Kids, avec l’intervention de Louis Bertignac. Dans le cadre de productions et de lancement de projets cinématographiques, je suis actuellement sur l’écriture d’un prochain court-métrage, l’ultime court-métrage que je vais écrire dans un style que j’ai encore envie d’exploiter et de m’essayer avant de partir sur un projet de long métrage. »
Dockinfos : A terme, votre objectif, c’est un long-métrage ?
«Oui tout à fait, je pense que j’écris encore le court que je suis en train d’écrire. Ce sera un thriller psychologique qui fera entre 20 et 30 minutes. Une fois celui-là terminé et produit, je partirai sur l’écriture du long-métrage et de sa production. Je ne vis pas encore totalement du cinéma. Le but ultime est de vivre exclusivement de ça, en faisant des longs-métrages ou de la série, pour les cinémas ou les plateformes de streaming. »
Anthony Weissmuller