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Mars bleu, la prévention pour maître-mot

Mars bleu est le mois de prévention du cancer colorectal. Très fréquent en France, il touche chaque année plus de 43 000 personnes et est responsable de 17 000 décès. Détecté tôt, il est pourtant guéri dans 9 cas sur 10, d’où l’importance du dépistage. Entretien avec Jean-Emmanuel Kurtz, professeur d’oncologie à l’institut de cancérologie Strasbourg Europe (ICANS)

Quels sont les facteurs de risques du cancer colorectal ? 

Les facteurs de risques sont assez variés. Il peut y avoir des facteurs héréditaires parce qu’il existe certains gènes de prédisposition aux cancers digestifs et notamment au cancer colorectal, mais ce n’est pas la chose la plus fréquente. Ce qui est le plus fréquent, ce sont des facteurs de vie comme la sédentarité ou une alimentation déséquilibrée qui ne contient pas suffisamment de fibre par exemple. La chose la plus importante, c’est que l’on sait qu’il y a un continuum entre les formations précancéreuses qu’on appelle les polypes de l’intestin qui, si on les laisse grossir, vont finir par dégénérer et aboutir à des vrais cancers.

Il y a t-il des signes avant-coureurs ?

Le signe primordial, c’est l’apparition de sang dans les selles puisque cette tumeur qui se développe dans le tube digestif, elle va finir par éroder la muqueuse et saigner. Si cette tumeur grossit, vous pouvez avoir des modifications du transit. Quelqu’un qui n’a jamais été constipé et qui le devient, qui commence à avoir mal au ventre ou bien des diarrhées inhabituelles, ça peut être des alertes qu’il y a quelque chose au niveau du colon. Ce sont des signes qui doivent amener à consulter. 

En quoi consiste le dépistage ? 

Tous les concitoyens vont recevoir à partir de l’âge de 50 ans, une incitation à rentrer dans le programme de dépistage du cancer colorectal. C’est quelque chose qui est extrêmement simple. On reçoit un kit qui consiste à tremper une petite bandelette dans les selles et puis à la renvoyer. On va analyser la présence de sang. Parfois, ce sang dans les selles peut être bénin pour de multiples raisons, mais parfois, ça peut venir d’un polype qui commence à saigner. Si le dépistage est positif, à ce moment-là, on va proposer à la personne de prendre contact avec un médecin pour faire des explorations du tube digestif notamment la coloscopie. C’est la coloscopie qui va permettre de voir s’il y a des polypes, des cancers. Si on résèque ces polypes, la liaison précancéreuse part et le risque de cancer diminue. Le but du dépistage du cancer colorectal, c’est d’identifier ces polypes pré-cancéreux et de pouvoir les éliminer avant qu’ils ne se transforment en cancer. 

Au delà du dépistage, comment peut-on prévenir le cancer du côlon ?

Il y a des règles hygiéno-diététiques qui consiste à avoir une alimentation saine, varié, à éviter la sédentarité, à avoir une activité physique suffisante. Ce sont des règles de bon sens. Il n’y a pas de médicament qui diminue le risque de cancer colorectal, ni de complément alimentaire ou d’homéopathie. Tout cela, c’est des fake-news. Le plus important, c’est la participation au programme de dépistage du cancer colorectal qui est entièrement gratuit. 

Les recherches pour le traitement de ce type de cancer sont nombreuses, quels sont les progrès en la matière ? 

Il y en a eu beaucoup. Pour faire simple le traitement du cancer colorectal repose encore sur la chirurgie mis à part certaines formes très particulières. Les principales avancées, c’est l’apparition de nouveaux médicaments de chimiothérapie et surtout d’immunothérapie puisqu’il y a certains cancers du côlon qui sont liés à des prédispositions génétiques. Ce ne sont pas les plus fréquents, mais ces cancers-là vont très bien répondre aux nouveaux médicaments d’immunothérapie qui stimulent le système immunitaire pour qu’il attaque le cancer. À côté de ça, l’industrie pharmaceutique continue à développer des nouveaux médicaments. On travaille beaucoup pour savoir comment les cellules pré-cancéreuses fonctionnent. On essaye d’identifier les voies d’activation pour fabriquer des médicaments qui sont capables de bloquer ces voies. 

La survie des malades s’est-elle améliorée ? 

Pour le cancer localisé, ça veut dire une tumeur qu’on découvre qui n’a pas encore envoyé des cellules cancéreuses à différents endroits de l’organisme, les malades ont de très grandes chances d’être guéri. Quand la maladie est plus avancée, quand il y a des métastases, certains patients peuvent être guéri en combinant l’immunothérapie et la chirurgie. Malheureusement, une proportion importante de patients ne va pas guérir. Les progrès continuels font que l’espérance de vie s’améliore, mais même s’il y a ces avancées, la prévention reste primordiale. Il faut mettre l’accent sur le dépistage parce qu’il permet d’éviter l’apparition du cancer et il vaut bien mieux éviter son apparition que de traiter des maladies évoluées avec un risque de mortalité plus élevé. 

Propos recueillis par Jérémie RENGER

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